Les petits éditeurs menacés
La crise sanitaire a un impact économique sur le secteur audiovisuel, privé d’une partie des rentrées publicitaires.
Publié le 26-03-2021 à 06h00
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/PN45TH4XN5BUJAINZVGOBLNS4M.jpg)
À coup d’éditions spéciales, les médias audiovisuels semblent n’avoir jamais été aussi présents. Pourtant, eux aussi ont souffert et subissent encore les effets de la pandémie. Après avoir émis un premier rapport sur la programmation et les réorganisations au sein de ces médias, le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) s’est penché sur l’impact économique de la crise sanitaire sur le secteur.
Ce second rapport s’est intéressé aux télévisions privées, à la RTBF, aux Médias de proximité, aux radios privées en réseau et indépendantes et aux web tv. Il en ressort que la crise a eu des effets négatifs sur l’ensemble du secteur mais avec des disparités importantes en fonction des acteurs.
Ainsi, les petits éditeurs sont ceux à avoir payé le plus lourd tribut. «Ces derniers ayant peu ou moins accès aux annonceurs nationaux, ils n'ont pu bénéficier de la reprise de fin d'année sur ce marché», note le rapport du CSA. Les web tv enregistrent une diminution de 90% du chiffre d'affaires entre mai et décembre 2020. Les médias de proximité arrivent à -20% et les TV privées oscillent entre 0 et 20%. Du côté des radios, les éditeurs en réseau ont vu leur chiffre d'affaires diminuer de 25%. Les radios à couverture provinciale étant les plus durement touchées. Les radios indépendantes atteignent quant à elles -62%. Elles sont 65% à déclarer que leur survie est en jeu.
Le robinet événementiel coupé
Résultat, «on risque d'assister à la disparition des petits éditeurs dans des zones plus rurales», commente Nele Smets, la directrice générale adjointe du CSA. Deux radios indépendantes sur trois pourraient mettre la clé sur la porte, la diversité du paysage audiovisuel en prendrait alors un coup.
En plus de la perte de revenus publicitaires, les petits éditeurs souffrent également de l'arrêt du secteur événementiel et de l'interdiction de rassemblement. «Souvent, ils fonctionnent avec très peu de moyens qui couvrent les frais fixes. Certains s'en sortent avec des petits subsides, l'argent d'une buvette ou des événements comme des soupers», ajoute encore Nele Smets. Ils se retrouvent donc sans trésorerie.
Le rapport s’est enfin intéressé aux aides débloquées par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Depuis le début de la crise, 2 993 689,02€ ont été octroyés au secteur médiatique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dont 25% en télévision, 23% en radio et 52% en presse écrite. Celles-ci sont loin d’être suffisantes, voire, comme dans le cas des web tv, inexistantes. Souvent conditionnées à de la promotion culturelle, elles manquent, selon le CSA, de clarté. L’organisme de régulation préconise donc de revoir le mode d’attribution de ces mesures de soutien, et de les baser sur les frais réels.