Précarité des étudiants: il faut passer à l’action
La précarité des étudiants est une matière transversale. Et selon les acteurs de terrain, il est urgent d’agir.
Publié le 02-02-2021 à 17h47
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5TM5H46TBZF25NCLPLHPUPLDYU.jpg)
Un quart des étudiants doit travailler pour payer ses études, et la crise sanitaire complique leur situation. La fédération des étudiants francophones (FEF) a réalisé une étude «32% a plus de mal à payer ses études cette année que l'année dernière. Parmi eux, 23% ont du mal à payer les frais scolaires, 25% les frais alimentaires, et 11% le loyer», disait la présidente Chems Mabroucke lors d'une commission conjointe des Parlements wallons, bruxellois et Fédération Wallonie Bruxelles.
D’autres parlent de 80 000 étudiants en situation de précarité. Mais tous s’accordent pour dire que le dossier touche tous les niveaux de pouvoirs, et qu’il ne faut plus consacrer des études au sujet, mais agir.
Les allocations d’étude
Les allocations d'études, ou bourses, sont problématiques à plusieurs niveaux: elles se basent sur une situation familiale antérieure de deux ans. «Or, entre-temps, il y a des séparations, des décès, qui changent la situation économique», explique Maxime Michiels, de la Ligue des familles.
Il souligne aussi la frustration des familles, qui se retrouvent 100€ au-dessus des plafonds, et explique le parcours du combattant administratif «pour prouver son indigence». Or, toutes ces données de composition de famille et indication des revenus sont informatisées, et les acteurs de terrain plaident pour une automatisation des allocations d’étude.
Minerval, syllabi etc.
Alors que le pacte des droits sociaux de 1966 parlait d'accès gratuit à l'enseignement coûtent 830€ de minerval. « Il n'est pas géré dans toutes les sections, remarque Chems Mabroucke. Dans les branches artistiques, c'est parfois 1000, 1200, 1 300. Auquels s'ajoutent 600 à 700€ de frais supplémentaires.» Pour la Ligue des familles, cela provoque eun déterminisme: «le jeune s'autocensure. S'il vient d'une famille plus pauvre, il choisit des études avec moins de frais.»
En plus de réclamer le gel du minerval, il faut donc baliser les frais supplémentaires. Des balises qui existent déjà partiellement, comme l’obligation de rendre les syllabi accessibles en ligne, mais qui sont contournées par la publication de livres, plus chers, protégés par des droits d’auteurs.
Le logement
Les kots sont trop peu nombreux, et comme le privé prend le relais, ils sont trop chers (en moyenne 400€ par mois selon la FEF), et là, ce sont les Régions qui sont interpellées, pour construire davantage.
Anne Dautrebande, coordinatrice du Groupe d’Action et de Réflexion des Services Sociaux des Hautes Ecoles et Ecoles Supérieures des Arts (GARSS HE-ESA) souligne qu’avec la crise sanitaire, des logements sont souvent nécessaires aussi pour les stages, moins nombreux et donc plus loin, plus chers.
Les transports
La (future) gratuité promise aux jeunes jusqu’à 25 ans ne satisfait pas la Ligue des familles, car à 25 ans, une partie des jeunes sontencore étudiants. La ligue des familles. Elle prône la gratuité jusqu’à 25 ans pour tous, plus un élargissement pour les étudiants après 25 ans.
Le statut de cohabitants
Le fédéral est aussi appelé à revoir sa copie, à propos du statut de cohabitant. Parce que l’étudiant en kot est parfois considéré comme cohabitant, donc bénéficie d’un revenu d’insertion sociale moins élevé.
Mais Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, pointe d'autres compétences fédérales où il faut revoir sa copie: «la fiscalité, parce que dans certains cas, les ménages pauvres sont défavorisés. Il faut aussi faire évoluer les missions du CPAS, et ça, c'est le fédéral qui peut le changer»
Laisser partiellement les étudiants dans mains du CPAS, partiellement dans celles des services sociaux de l'école? C'est une des difficultés, comme la difficulté pour le jeune d'être bien informé sur ce à quoi il a droit. « Il a de l'argent: les subsides sociaux ont été refinancés en 2019, il y a des subsides spéciaux Covid et un plan de soutien aux étudiants précarisés vient d'être lancé.»