Vaccination: faut-il donner la priorité aux jeunes?
Vacciner les jeunes avant les 45-65 ans? Les spécialistes sont dubitatifs. Explications.
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- Publié le 01-02-2021 à 19h52
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Une quarantaine de Belges, dont Heidi De Pauw, patronne de Child Focus, le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw, Chokri Mahassine, organisateur du festival Pukkelpop ou encore le nageur et vice-champion olympique Pieter Timmers, s’inquiétaient hier, dans une lettre ouverte, des signaux d’alarme lancés par les 18-24 ans. Les jeunes supportent de moins en moins bien les restrictions imposées par les mesures de lutte contre la pandémie de coronavirus.
Ils proposaient de changer l’ordre de vaccination: faisant passer les jeunes après les personnes de plus de 65 ans, les personnes vulnérables et celles avec un job essentiel. Les spécialistes comprennent la détresse des jeunes, mais ils sont contre, pour plusieurs raisons.
Les jeunes moins malades
«Le but premier de la vaccination est de protéger la personne que l'on vaccine, dit le Pr Pierre Coulie, immunologue (UCLouvain). Or, le risque pour les jeunes de tomber gravement malade est relativement faible. Si on les vaccine, c'est alors pour limiter la propagation du virus.»
Maintenir le service santé
Comme il n'y a pas actuellement assez de vaccins pour tous, il faut revoir l'objectif visé par le monde politique. Selon l'épidémiologiste Niko Speybroeck (UCLouvain), c'est d'éviter que le système de santé soit submergé. «Si on veut éviter le risque de submerger les systèmes de santé et les dommages collatéraux supplémentaires il faut tout d'abord vacciner les personnes âgées ou avec des comorbidités comme l'hypertension et le diabète» résume l'épidémiologiste.
De plus, la Belgique souffre de l'image de son pays au nombre élevé de mort. «Nul doute que les hommes et femmes politiques veulent éviter cela à l'avenir. Et dans cette optique, il est logique de vacciner les populations plus à risque.»
Par ailleurs, tant qu'une immunité collective n'est pas atteinte, la vaccination ne signifie pas l'abandon immédiat d'une série de précautions. Niko Speybroeck: « Or, après une très longue période à la maison, les jeunes seraient soumis à un effet psychologique de relâchement, alors qu'une partie de la population ne serait pas encore protégée. »
Changer trop d’avis
Les deux spécialistes s'accordent à dire que changer l'ordre de vaccination risque de semer d'avantage la confusion dans la population. La cohérence est importante, même si à terme, pour atteindre une immunité collective, il faudra proposer le vaccin à 100% de la population. « Pour une immunité collective de 70%, il faut un 90% de vaccination. Enlevez les personnes qui ne peuvent pas être vaccinées à cause des contre-indications, et celles qui ne veulent pas l'être. Les jeunes, même de moins de 16 ans, devront être vaccinés à terme.»