Des poursuites contre Donald Trump dès ce jeudi?
Donald Trump va passer la main et peut-être bientôt lancer la course pour 2024. Ou affronter des poursuites pour insurrection?
Publié le 20-01-2021 à 07h25
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La fin de mandat est toute proche pour Donald Trump, qui, ce soir, ne sera plus président des États-Unis. Ce qui ne signifie pas, pour lui, un retrait de la vie politique «comme cela a été le cas par exemple pour George W. Bush, après l’élection de Barack Obama», note Tanguy Struye, chercheur au centre d’étude des crises et des conflits internationaux (ULouvain) et spécialiste des États-Unis. Sauf poursuites judiciaires, à la suite des événements de la semaine dernière au Capitole?
De prochaines poursuites?
«Une hypothèse circule, selon laquelle des juges seraient prêts à lancer dès ce jeudi des poursuites contre lui pour insurrection, poursuit Tanguy Struye. S’ils ne l’ont pas fait plus tôt, ç’aurait été pour éviter qu’il s’accorde une “auto-grâce” aussi longtemps qu’il était en fonction.»
À supposer du moins que le locataire, pour quelques heures encore, de la Maison-Blanche, en ait eu l’intention.
«Personnellement, j’en doute, explique Paul Sracic, politologue à la Youngstown State University, en Ohio. Cela reviendrait pour lui à un aveu de culpabilité. Jamais aucun président ne s’est accordé la grâce dans le passé: tout juste en 1973, Gerald Ford a-t-il gracié son prédécesseur, Richard Nixon. Car même si les juristes divergent, cela reviendrait à violer une règle qui interdit à quiconque de trancher un litige où il est impliqué.»
«On attend plutôt de lui qu’il accorde la grâce présidentielle à ses proches», complète Tanguy Struye.
Depuis la fin décembre, Donald Trump a abondamment usé de ce droit, notamment au bénéfice de son ancien conseiller à la Sécurité, Larry Flint; son ancien directeur de campagne, Paul Manafort; et son ancien conseiller Roger Stone Jr, condamnés dans le cadre de l’enquête sur les interventions russes dans la campagne de 2016.
En campagne bientôt?
D’autres procès civils attendent Donald Trump, qui visent la gestion de ses affaires privées, avant son entrée en fonction comme président.
«Cela ne devrait pas l’empêcher de se déclarer prochainement candidat à l’investiture républicaine pour 2024. Au besoin en créant une chaîne télévisée qui lui est propre», estime Tanguy Struye.
Sauf si, ce qui est peu probable (cf. ci-contre), la procédure de destitution se clôture pour lui par une inéligibilité. Ou que des condamnations interviennent dans les dossiers civils qui l’attendent?
«Il saura, avec l’aide d’une batterie d’avocats, faire durer ces affaires suffisamment de temps pour concourir en 2024», conclut l’analyste.