Les variants hypercontagieux sont présents chez nous: on fait le point
Les variants hypercontagieux sont présents chez nous. L’immunologiste Sophie Lucas (UCLouvain) fait le point.
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- Publié le 15-01-2021 à 06h00
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La variante sud-africaine du coronavirus a été retrouvée dans quatre échantillons de voyageurs par le laboratoire fédéral de tests de l’hôpital universitaire de Gand (UZ Gent). La souche initialement repérée en Grande-Bretagne touche déjà 50 pays, tandis que 20 ont signalé le variant sud-africain, selon l’Organisation mondiale de la santé. L’OMS pense que cette évaluation est probablement sous-estimée.
Une troisième mutation originaire d’Amazonie brésilienne, dont le Japon a annoncé dimanche la découverte, est analysée. Elle pourrait être aussi contagieuse que celles du Royaume-Uni ou d’Afrique du Sud.
Des variants différents
Sophie Lucas, immunologiste à l'UCLouvain, explique ce qu'il faut entendre par «variant»: «Ce sont des souches virales qui portent des mutations à des endroits différents. Tant la variante britannique que la variante sud-africaine comportent plusieurs variantes par rapport à la souche qui circule le plus.»
De plus, certaines de ces variations sont partagées entre le variant anglais et le variant sud-africain.
Petite surface de la protéine
Si vous visualisez le virus SARS-coV2, vous vous souvenez des picots, la protéine Spike, contre laquelle on fabrique des anticorps, quand on attrape le Covid-19 ou qu'on est vacciné. «La variation n'est qu'une toute petite partie de la protéine Spike. Donc la probabilité reste très grande pour que les vaccins actuels continuent à nous protéger contre ces trois variants. De plus, même si un jour, un variant finissait par accumuler beaucoup plus de mutations, il serait possible de changer le vaccin en peu de temps, environ deux mois.» Et l'épidémiologiste précise que des variations aussi importantes ne sont pas à l'ordre du jour: «ça peut prendre des mois, voire des années.»
Tous plus contagieux
Le fait que ces variants se répandent de plus en plus dans la population suggère qu'ils sont plus contagieux. Et c'est un point commun aux trois variants, c'est leur plus grande contagiosité. «La conséquence sur les vaccins, c'est qu'ils ne sont pas moins efficaces, mais qu'il va falloir vacciner plus de monde pour atteindre une protection collective.»
Pourquoi les variants sont-ils plus contagieux que l'original? «Les changements facilitent la pénétration dans la protéine Spike dans nos cellules.Ce sont des changements minimes de structure de la protéine qui facilitent son entrée, une petite modification, comme un coup de lime sur une clé qui faciliterait son entrée dans la serrure.»
Le virus entre donc plus facilement dans la cellule, «ça facilite la prolifération du virus chez cette personne et ça augmente la charge virale chez la personne, car un plus grand nombre de cellules seront infectées, ou elles seront infectées par un plus grand nombre de virus. Et ça la rend plus contagieuse.»
Plus de décès
Si on parle de variant plus dangereux, ce n'est pas parce que le virus est plus létal pour la personne infectée. «Dans les mêmes conditions, on va infecter plus de monde. Cela augmente le nombre de cas, y compris le nombre de cas sévères et le nombre de morts. Donc le simple fait d'infecter plus de monde cause plus de décès dans la population.»
Le taux actuel d'immunité – par la vaccination ou par une infection passée par le Covid – ne suffit pas à ralentir le virus plus contagieux. «La seule façon d'y arriver, c'est la vaccination», conclut l'immunologiste.