«Un risque de dérapages violents»
Dans le climat ambiant, des incidents violents pourraient éclater après la proclamation de la victoire de Joe Biden.
Publié le 06-11-2020 à 06h00
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Pour l'instant, la bataille s'engage essentiellement sur le plan juridique. Dans une certaine confusion: le président sortant, Donald Trump, réclamait l'arrêt du dépouillement («Stop the counting!») dans un tweet rageur, mais un peu plus tard, son équipe de campagne précisait que les «bulletins non porteurs d'un cachet de la poste, arrivés par magie après le jour de l'élection» devaient être écartés parce que «illégitimes». «Mais une de mes craintes, c'est le risque de tension sociale», explique Tanguy Struye, Professeur à l'Université catholique de Louvain la Neuve, et à l'École Royale Militaire, spécialiste des États-Unis.
Dans les rues
Cette tension s’exprime déjà dans les rues de certaines villes: à Portland, des forces de police et de la Garde nationale de l’Oregon ont pourchassé des centaines de manifestants d’extrême gauche dans le centre-ville et ont procédé à au moins dix arrestations.
À New York, c'est dans le calme que des milliers de partisans de Joe Biden ont défilé pour réclamer que «tous les bulletins de vote soient comptés», tandis qu'à Detroit, des supporters de Donald Trump réclamaient «qu'on arrête le dépouillement»!
Un impact
«Connaissant la polarisation de la société américaine, et après son discours de mardi soir, mercredi matin pour nous, où Donald Trump a demandé l'arrêt du décompte des voix, en se proclamant vainqueur, cela aura un impact sur les gens qui votent pour lui et ne s'informent que par lui, ou par les chaînes qui ne font que retransmettre exactement ce qu'il a dit», explique l'analyste. «Et les oppositions entre les deux parties dans les États où il y a des disputes pourraient s'aggraver dans les prochains jours».
Une fois Joe Biden, assuré de la majorité fatidique des 270 grands électeurs sur 538, proclamé vainqueur, «je ne peux pas m'imaginer qu'il n'y aura pas de tension», poursuit Tanguy Struye.
De quelle ampleur? «Il faudra voir si les gens seront prêts à redescendre dans la rue, après les émeutes importantes qui se sont déjà produites cette année autour de la question raciale. Tout dépendra aussi de la réaction des fameuses milices d'extrême droite, et de celle, dans la foulée, des milices de la population noire. Le risque est réel. Ce qui ne veut pas forcément dire que cela explosera».
Le parti républicain au pied du mur
Les responsables politiques pourraient appeler au calme «et notamment du côté républicain. Si Joe Biden gagne de manière très nette, avec 290 grands électeurs par exemple, le parti aura un rôle à jouer pour contrer Donald Trump. Car lui ne se privera pas de remettre le résultat en question, et d'exciter ses partisans les plus farouches. Et il y aurait un risque de débordement».
«Si, dans un pareil cas de figure, le parti républicain ne réagissait pas, il prouverait qu'il est à la botte de Donald Trump comme il l'a été pendant quatre ans», conclut Tanguy Struye, «mais de manière encore bien pire qu'on ne le croyait».