Pourquoi y a-t-il plus de virus chez les francophones?
Sur la carte de Belgique, la Flandre est en rose clair, la Wallonie et Bruxelles presque rouges. Les spécialistes expliquent.
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Publié le 15-10-2020 à 06h00
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En termes d'infection au Covid-19, l'écart entre Flandre et Wallonie-Bruxelles se creuse «comme si la frontière linguistique était respectée, par rapport aux transmissions, qui sont moins fortes en Flandre», souligne Yves Coppieters, professeur de santé publique à l'ULB.
«Le virus est le même partout, c'est le comportement qui change, analyse le spécialiste. On peut émettre l'hypothèse qu'il y a des moins bons comportements protecteurs et une moins bonne adhésion de la population aux mesures de distanciations sociales.»
Le Pr Pierre Van Damme, épidémiologiste à l'université d'Anvers, partage cette hypothèse. «J'ai de la famille en Wallonie. Je vois les gens qui arrivent avec leur masque, puis une fois qu'ils l'ont enlevé, ils se font la bise! C'est culturel: il y a plus de proximité et de chaleur au sud.»
Des mesures ont prouvé leur efficacité en Flandre
Pierre Van Damme rappelle que cet été, c’était surtout la province d’Anvers qui était dans le rouge.
«On a alors instauré un couvre-feu, qui a montré des effets positifs: cela a permis d'atteindre un plateau de quelques semaines. Même si les gens ont râlé quand on a annoncé l'instauration de cette mesure, ils ont bien dû reconnaître son efficacité.» Depuis lors, le soutien de la population est plus important.
De plus, selon lui, les spécialistes flamands parlent tous d'une seule voix à une ou deux exceptions. «En Belgique francophone et en France, il y a des personnes qui ont minimisé la situation. Cela influence le comportement des gens: il y a un relâchement de la vigilance, même quand les chiffres ne sont pas bons. En Flandre, non seulement il y avait un consensus, diffusé dans les médias, mais les médias eux-mêmes posaient la question aux spécialistes: ne faut-il pas en faire plus pour se protéger? C'est très différent du discours: "Laissez circuler les jeunes!", que l'on entend en Wallonie. Car si les jeunes courent peu de risque, ils contaminent les autres tranches d'âges par après.»
Travail de communication
Pour Pierre Van Damme, notre pays dans son ensemble a un problème sur le plan de la communication. «Elle doit être différenciée en fonction des sensibilités et des groupes d'âges. Il faut lancer une campagne qui fonctionne avec de l'humour et des célébrités que les gens écoutent, qui dise "Voici comment on peut améliorer le scénario, en donnant des pistes pour inviter des amis à la maison, ou pour aller au travail en respectant les règles".»