Le coronavirus: bien au-delà d’une insuffisance respiratoire
Le Covid-19 provoque des lésions dans le système vasculaire, bien au-delà des poumons. Il peut s’attaquer au cœur.
Publié le 17-04-2020 à 06h00
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Àmesure que le temps avance, les scientifiques en découvrent un peu plus sur les caractéristiques du Covid-19. Si ce nouveau coronavirus cible en particulier les voies respiratoires, on constate surtout qu’il possède un tropisme vasculaire.
Ainsi, le SARS COV2 (son autre nom) attaque les cellules endothéliales ou épithéliales (internes ou externes) des vaisseaux sanguins. Grâce à sa protéine Spike (les «piques» dans la représentation du coronavirus), il se fixe aux récepteurs de la cellule qu’il va envahir. Un de ces récepteurs principaux, l’angiotensine 2 serait plus présente chez les hypertendus. Ce qui explique en partie le profil des personnes «à risque», plutôt masculin, âgé, souffrant de diabète ou de pathologies cardiaques.
«Cela a du sens, parce que ce récepteur a une influence sur tout ce qui est dilatation des vaisseaux. C'est une possibilité», confirme David Alsteens, chercheur qualifié au CNRS et professeur à l'UCLouvain, dont les recherches visent à bloquer ces liaisons du virus. «Une étude a montré qu'avec un unicellulaire qui n'a pas ce récepteur angiotensine 2, le coronavirus ne peut pas rentrer dans la cellule. C'est prometteur».
Il peut s’attaquer au cœur
«Le virus peut s'attaquer à l'hémoglobine qui transporte l'oxygène, provoquer des mini-tromboses dans l'organisme, contribuer à la formation d'œdèmes dans les poumons et s'attaquer à d'autres organes, y compris le muscle cardiaque. Tout n'est pas pneumonie, ni insuffisance respiratoire. Et là, on n'est pas bien armé, sinon qu'on peut donner un anticoagulant pour fluidifier le sang», explique aussi le professeur et intensiviste de l'ULB, Jean-Louis Vincent.
Embolies pulmonaires mais aussi micro-tromboses au niveau du cerveau, du foie, des reins, des intestins, atteinte au cœur même chez des patients en bonne santé. Reste à déterminer si les dégâts sont directement causés par le virus – qui schématiquement n'est qu'un «fragile structure d'ARN enveloppée dans une goutte d'huile» – ou sont l'effet de la réaction inflammatoire brutale du système de défense, qui cherche à détruire les cellules infectées. «Allant jusqu'à provoquer des chocs septiques», comme l'explique Thomas Michiels, chercheur à l'Institut de Duve qui, comme ses deux confrères, estime plutôt «que ce sont des effets indirects qui ne sont pas dus à l'infection elle-même mais à la réponse immunitaire.» Et dans cette réponse, nous sommes loin d'être tous égaux. «Tout varie d'une personne à l'autre», souligne encore David Alsteens.