Des champignons comme insecticide
Le projet BIOFUNGI teste des champignons encapsulés dans des microbilles comme alternative aux pesticides.
- Publié le 08-08-2018 à 06h00
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Se passer des pesticides reste une question épineuse. C’est la raison pour laquelle le projet BIOFUNGI développé par l’ULiège et l’UCL vient de recevoir un subside de 1,3 million d’euros de la part du programme WALInnov. Cette enveloppe servira à financer quatre ans de recherches menées par le Laboratoire d’entomologie fonctionnelle et évolutive de l’ULiège et le Laboratoire de Mycologie de l’UCL.
Le projet, mené conjointement par les deux universités, a pour but de tester un produit qui permettrait de lutter contre les insectes nuisibles, tout en épargnant les auxiliaires et pollinisateurs. Le résultat, des microbilles à placer dans les cultures pourrait alors servir d’alternative aux produits phytosanitaires en tuant les insectes ravageurs par simple contact.
Deux techniques dans une bille
«On associe des champignons entomopathogènes avec des phéromones spécifiques pour ne cibler que les insectes dont on veut se débarrasser», explique François Verheggen, chercheur au laboratoire d'entomologie fonctionnelle et évolutive de l'ULiège. «Les phéromones, ces odeurs impliquées dans la communication entre êtres vivants, sont spécifiques à chaque insecte», détaille le chercheur. Encapsulées avec des champignons dans des microbilles, elles permettraient d'attirer uniquement certains insectes sans provoquer de dommages à l'environnement.
«Ces champignons entomopathogènes ne s'attaquent qu'aux insectes et sont sans danger pour les cultures», affirme le chercheur.
Recherche à visée commerciale
Les deux techniques fonctionnent pour l’instant chacune de leur côté. Le projet consiste donc à tester la combinaison des phéromones avec les champignons pour en faire un produit efficace et commercialisable.
« Nous travaillons avec MADINBIO, une entreprise wallonne qui veille à la faisabilité du projet ». Leur rôle est notamment de s'assurer que les coûts des technologies développées par les laboratoires restent accessibles.
«Ces microbilles sont par exemple compatibles avec les buses des machines à projeter utilisées par les agriculteurs», explique François Verheggen.
Mais il tempère: «D'ici quatre ans, nous ne pouvons pas promettre que nous aurons un produit efficace et bon marché ». Il espère cependant mettre au point des microbilles efficaces que des ingénieurs se chargeront de rendre commercialisables à des prix compétitifs. « Je pense qu'il est assez clair maintenant que nous allons vers des alternatives aux pesticides. Le bannissement par l'Europe de trois neonicotinoïdes montre que nous sommes engagés sur cette voie. »