Abattre les bovins à la ferme, une idée qui progresse
Les abattages de bovins ne peuvent se dérouler au sein des exploitations agricoles. Ce serait possible, mais il faut adapter les normes sanitaires.
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Publié le 10-04-2018 à 09h39
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L’affaire des ateliers de découpe de Veviba illustre toutes les difficultés du secteur à maîtriser l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Dans la foulée de ce scandale, les producteurs se sont posés en victimes d’un système. Une fois que les bovins quittent l’étable, ils n’ont plus aucune maîtrise sur la suite des événements. C’est absolument vrai pour les taurillons qui sont destinés à la grande distribution. Ça l’est un peu moins dans le cas des artisans bouchers ou des boucheries à la ferme qui sélectionnent leurs propres bêtes. Si la découpe peut être effectuée à la ferme, l’abattage est obligatoirement confié à une structure agréée. Et, en Belgique, il ne subsiste plus, dans la plupart des cas, que des grands abattoirs. Les bêtes quittent la ferme pour revenir ensuite sous forme de carcasses qui seront découpées au niveau local.
C’est pour cette raison que le réseau Nature et Progrès milite pour un abattage de proximité afin de privilégier le bien-être animal et de permettre aux petits éleveurs et artisans bouchers de garder la main sur l’ensemble du processus. Marc Fichers, secrétaire général de «l’association de sensibilisation, d’information et de conscientisation du grand public aux problématiques environnementales et sociétales», estime qu’il y a trois possibilités pour éviter de délocaliser l’abattage: via la création d’une coopérative rassemblant des éleveurs d’une même région, par l’investissement dans un abattoir mobile ou au moyen du tir au pré. Vision utopique? Non, car Nature et Progrès est bien consciente de l’impossibilité de pratiquer selon cette méthode pour fournir les grandes surfaces. Ce type d’abattage ne serait pratiqué que dans le cadre des circuits courts.
Réduire le stress avant l’abattage
Le responsable de l'association estime qu'il y a une demande du terrain de pouvoir proposer des abattages alternatifs aux outils industriels. «La plupart des agriculteurs qui travaillent dans ce type de circuit élèvent des races françaises. C'est un bétail plus nerveux et qui a été quasiment élevé en totalité à l'extérieur. Quand on le met dans une bétaillère, puis sur une aire en béton, ils sont extrêmement stressés. Les couloirs de transport ne sont pas non plus prévus pour des bêtes à cornes.» Les conditions d'abattage sont donc particulièrement stressantes pour ces animaux. «Il y a une demande croissante, car les circuits courts représentent un intérêt croissant.»
Si la démarche ne manque pas d'intérêt, les normes sanitaires doivent être adaptées. Dans l'état actuel, il est impossible de pratiquer ce type d'abattage en dehors des structures reconnues. «La vision de Nature et Progrès, c'est que les règles sanitaires doivent être maximales sans freiner le développement économique des artisans.»
Des idées «à l’étude»
Quelles sont les intentions politiques face à ces abattages alternatifs? Le ministre wallon de l’Agriculture confirme que les abattoirs mobiles ou le tir en prairie «sont à l’étude».
Au sein du cabinet, on s’interroge sur la rentabilité d’un abattoir mobile et sur le bien-être animal dans le cadre du tir en prairie.
Le ministre souligne que la volonté sur le territoire wallon est de privilégier la concentration des infrastructures «afin d'être compétitif.» Selon les chiffres de l'Afsca, il subsisterait 33 abattoirs en Wallonie dont 20 destinés aux bovins.
En Wallonie, 14 projets destinés à la filière viande ont été élus afin de bénéficier de subsides. Ils permettront de mettre en place: ? 1 nouvel abattoir avicole et cunicole privé, ? 11 ateliers de découpe et de transformation de viande,? 13 plateformes de commercialisation en circuit court de produits agricoles.