Rapport de la commission d’enquête sur les attentats : le sécuritaire n’a pas eu le dernier mot
C’est aujourd’hui que le rapport de la commission d’enquête parlementaire sera voté. Un rapport qui ne fait pas la part belle uniquement au sécuritaire.
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Publié le 26-10-2017 à 07h29
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C’est l’aboutissement après 18 mois de travail. Aujourd’hui, le rapport de la commission d’enquête sur les attentats de Bruxelles sera voté en séance plénière. Un rapport de 939 pages qui rassemble les témoignages de 199 personnes, venues en commission parler de renseignements, de sécurité, de secours, de radicalisation, de failles dans les communications lors de ce terrible 22 mars…
Ce sont aussi des témoignages poignants, comme lors de la venue des victimes. Des moments de tension, lorsque le ministre de l’Intérieur avait désigné un policier comme responsable de l’absence de suivi d’un des terroristes…
Tout porte à croire que ce rapport sera voté à l’unanimité aujourd’hui en fin d’après-midi. Chaque groupe politique s’y retrouve un peu dans ce rapport, fruit d’un consensus auquel la politique belge ne nous a pas toujours habitués.
Gilles Vanden Burre, député Écolo-Groen, a participé à la majorité des 164 séances publiques ou à huis clos. Dans l'ensemble, son groupe estime y trouver son compte. «Notre crainte, au lendemain des attentats, c'est qu'on aille vers des recommandations uniquement sécuritaires ou répressives. C'était nécessaire en partie mais on craignait de se retrouver face à un rouleau compresseur.»
La satisfaction, c'est d'avoir pu intégrer dans le troisième volet de la commission, «davantage de moyens pour lutter contre les discriminations à l'emploi.» Cette commission ne s'est pas donc limitée à souligner la nécessité de renforcer le cadre sécuritaire. «C'était une constante dans les auditions, chaque service – que ce soit la police judiciaire, le procureur, la Sûreté, l'OCAM… – a systématiquement commencé son intervention en disant: "on manque de personnel".»
Manque d’investissement
Le député écolo ne pointe pas un gouvernement plus qu'un autre, le désengagement a été opéré sur plusieurs cycles. «Sous Leterme, Di Rupo puis Michel, on a désinvesti l'appareil d'État depuis 10 à 15 ans. C'est le manque d'investissement dans nos infrastructures régaliennes qui nous a fait le plus mal. Mais cette tendance s'inverse depuis les attentats de Paris…»
Qu'on ne se trompe pas, il y a eu des tensions au sein de cette commission. Parfois, les discours se musclaient autour du sécuritaire alors que d'autres voulaient privilégier la prévention. «À cause de la gravité des sujets, on a tous supporté des recommandations en essayant que l'ensemble puisse s'y retrouver.»
Gilles Vanden Burre estime que Patrick Dewael, président de la commission, a joué un rôle non négligeable dans le processus. «Il reste un membre de la majorité mais, en même temps, il avait toujours le consensus à l'esprit. Le fait d'avoir une personnalité comme lui à la présidence lui a permis d'exercer une réelle influence. Même par rapport à la majorité, il a su se mettre au-dessus de la mêlée. En même temps, c'est aussi lui, quand il était ministre, qui a façonné l'appareil judiciaire et sécuritaire du pays.»
Désormais le gouvernement pourra prendre connaissance des recommandations formulées par la commission. Pour les mettre en œuvre? Un comité de suivi de cette commission sera attentif à ce que ce travail ne file pas aux oubliettes.