Le pavillon belge : « Un beau bébé, aux forceps »
L’expo universelle de Milan ouvrira ses portes le 1er mai. À la barre du pavillon belge, l’architecte namurois Patrick Genard. État des lieux à dix jours du jour J.
Publié le 21-04-2015 à 06h00
Les machines tournent à plein régime. Les ouvriers s'affairent. Casque sur la tête, Patrick Genard gère les derniers détails. Le chantier du pavillon belge, comme beaucoup d'autres pavillons sur le sol milanais, a pris un sérieux retard. «On a souffert», lâche l'architecte. En cause, de nombreuses normes anti-mafia, de lourdes contraintes administratives italiennes et, en amont, des discussions entre les trois Régions et le Fédéral qui ont fait perdre du temps. En tout, cinquante ouvriers se relaient chaque jour pour terminer les travaux.
Particulièrement bien situé, à proximité de l'une des principales entrées du site, le pavillon belge ade la «gueule» et deux fois plus de place que les autres. «L'Ukraine n'est pas venue. Au lieu de 20 mètres de façade, nous en avons 40. C'est une chance pour la perspective du pavillon », explique l'architecte. Le Namurois s'est plongé à fond dans le thème de l'expo: Nourrir la planète, énergie pour la vie. «Nous voulions un pavillon qui répond au thème, de l'urbanisme jusqu'aux détails de la scénographie. Il est en forme de lobe city, de fleur. Une forme urbanistique considérée comme la plus efficace aujourd'hui pour les villes ».
Une rampe du futur…
Le pavillon belge est réalisé en majeure partie avec des matériaux de récupération. Divisé en trois zones, on y pénètre par la « ferme», un premier espace nourri de lumière naturelle, inspiré des granges belges «en référence à l'agriculture, explique Patrick Genard. Je n'avais pas envie de faire une bête boîte, un simple emballage. Je voulais que tout soit cohérent. Que le pavillon soit un embryon de réponse au thème de l'expo. Soit, comment se nourrir quand nous serons dix milliards sur terre?»
Dans cette grange de bois et de verre, la Belgique se dévoile peu à peu. Ses régions, ses coutumes, ses frites, son chocolat. De façon ludique et décalée. Progressivement, le parcours descend dans la «cave», via la rampe du futur. Direction… 2 050. Le ton change. L'ambiance est sombre, sérieuse, hypnotique. «Ici, on montre les dernières inventions dans le domaine de l'agriculture. L'aquaponie, l'hydroponie, on démontre que 96% des herbes sont comestibles .»
Via un incroyable escalier de verre, retour à la lumière, à l’humour, à la convivialité. Place alors au bar, au restaurant, à la dégustation des spécialités belges.
Un budget de 6 millions et demi d'euros a été débloqué par les trois Régions et le Fédéral pour le pavillon. «Pour construire, entretenir et défaire dans six mois. C'est très serré», souligne l'architecte. À cela, il faut ajouter les frais de fonctionnement. Le contre-la-montre est lancé. Il reste dix jours pour tout terminer, tout nettoyer et tout installer… «On y arrivera! Le pavillon belge, c'est un accouchement aux forceps, mais le bébé est très beau.» Ouverture des portes à Milan le 1er mai prochain.