La guerre, et puis ?
Bon, cette fois-ci, ce n’est plus une simple menace qui plane au-dessus de la tête de Bachar al-Assad. C’est une épée de Damoclès, bien lourde, dont la corde qui la relie au plafond n’est plus qu’un fil distendu et moisi.
Publié le 28-08-2013 à 06h00
Hier, la tension est montée d’un cran sur la scène internationale. Les propos menaçants se sont fait entendre de toute part. La décision de frapper le pouvoir en place paraît inéluctable. Les responsabilités de l’attaque chimique perpétrée la semaine dernière semblent définitivement attribuées aux hommes de Bachar. Le discours de François Hollande, par exemple, a été particulièrement virulent hier. Entre les termes ignominie, abject et effroi, il y a peu de place au doute et à la nuance. De l’autre côté de la manche, c’est le qualificatif odieux qui est sorti de la bouche de David Cameron. Dès lors, lorsque celui-ci parle de réponse proportionnée, il ne faut pas faire un dessin. Ça va être du lourd.
Sur le fond, il est difficile de faire un procès aux dirigeants occidentaux qui se décident d’agir avec volontarisme. Mais cette nouvelle voie ouverte vers la guerre en Syrie laisse un goût amer. Encore une fois, les Nations Unies ont montré leurs graves limites dans ce dossier. Plutôt que de voir le bien de la population, le conseil de sécurité s’est empêtré dans des négociations diplomatico-politiques qui ont flingué la possibilité de prendre des décisions réfléchies et sans doute plus constructives sur le long terme.
Tout recours à la force est un échec. C’est encore le cas ici. Et dans cette région du monde, l’échec compte triple. On ne sait jamais sur quoi va déboucher un conflit armé. Des bombes en Syrie ? D’accord. Mais après ? Quelles répercussions sur les populations locales et les pays voisins, notamment, le Liban ?
La solution militaire qui s'impose comme incontournable n'est que la conséquence et la poursuite dramatique d'une pénible improvisation. Quel sera le but réel de l'opération ? Renverser Bachar ? Et ensuite ? Quel est le plan imaginé par les stratèges occidentaux? Hier, ceux-ci étaient fort discrets sur le suje t, les discours étant plus axés sur ce qui ressemble à une punition (Hollande) pour le recours à l'arme chimique. Comme si une guerre civile qui a fait 100 000 morts n'aurait pu remuer les consciences un peu plus tôt, lorsque le point de non-retour n'avait pas encore été atteint.