Et maintenant ?
Deux ans et demi après le printemps arabe qui avait chassé le régime de Hosni Moubarak, quarante jours après l’arrestation du président Mohamed Morsi, l’Égypte a plongé dans un véritable chaos ce mercredi.
Publié le 16-08-2013 à 06h00
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Le bain de sang qui résulte de la dispersion des Frères musulmans par les forces de l’ordre est tout simplement inqualifiable. Les 578 morts officiellement recensés hier en cachent sans aucun doute plusieurs centaines d’autres.
Il est désormais loin le vent de renouveau tant attendu auCaire. Et lorsque la foule était descendue en juillet dans la rue afin de chasser Mohamed Morsi, le président démocratiquement élu, elle n’imaginait sans doute pas la tournure actuelle des événements . C’est un énorme retour en arrière auquel on a assisté, notamment par la mise en place d’un des symboles des trente années du règne Moubarak, l’état d’urgence qui autorise l’armée d’arrêter des civils et de les juger. Même si les Frères musulmans n’ont pas été irréprochables après l’accession au pouvoir et la déchéance de Morsi, la répression de mercredi a été totalement disproportionnée.
«Le président élu qui est démis, le vice-président (NDLR: le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei) qui démissionne et l'homme fort actuel qui est un militaire, ce sont là toutes les caractéristiques d'un coup d'État militaire», a avancé hier le ministre norvégien des Affaires étrangères alors que les diplomaties occidentales n'osent évoquer ce terme de «coup d'État militaire».
Reste à voir quelle tournure prendront désormais les événements. Les islamistes risquent bien de lancer une guerre de représailles, envers les forces de l’ordre, mais aussi les coptes, la communauté chrétienne qui a pris part au mouvement ayant emporté la présidence Morsi.
Faut-il dès lors compter sur la pression de la communauté internationale, unanimement choquée par les faits sanglants? C’est surtout vers les États-Unis, vieil allié du pouvoir égyptien, que les regards se tournent. Mais condamner avec force et suspendre des manœuvres, comme l’a fait Obama, ne suffira sans doute pas à infléchir un pouvoir aussi déterminé