Jean-Denis Lejeune, à propos des 25 ans de Child Focus : “Un combat pour donner un sens à la mort de nos filles” (vidéo)
Jean-Denis Lejeune, le papa de Julie, l’une des victimes du pédophile belge Marc Dutroux, a été à la base de la création de la Fondation belge pour enfants disparus et sexuellement exploités, Child Focus, il y a 25 ans. Interview.
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- Publié le 28-03-2023 à 18h47
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”J’ai investi mes deniers personnels, tout ce qui me restait sur mes comptes d’épargne, pour me rendre quatre fois à Washington pour étudier le fonctionnement du National Center for Missing and Exploited Children qui existait aux États-Unis.”
S’il n’y travaille plus, Jean-Denis Lejeune reste très attaché à la Fondation Child Focus qu’il a réussi à mettre sur pied il y a 25 ans. En juin 1996, un peu plus d’un an après la disparition de sa fille Julie (victime du pédophile belge Marc Dutroux), Jean-Denis Lejeune apprend l’existence à Washington du National Center for Missing and Exploited Children. Il s’y rend pour en étudier le fonctionnement et, de retour en Belgique, avec le soutien d’un comité de parents d’enfants disparus, sollicite l’aide du Premier ministre de l’époque Jean-Luc Dehaene et obtient le jour de la Marche blanche du 20 octobre 1996, les appuis politiques pour créer une organisation semblable. “J’ai pu lui proposer un modèle clef sur porte le jour de la Marche blanche”, dit-il.
84.937 dossiers traités par Child Focus en 25 ans: retour sur l'anniversaire de la Fondation pour enfants disparus et sexuellement exploités (vidéo)Vingt-cinq ans plus tard, Jean-Denis se dit “fier” du travail accompli et “ne regrette absolument pas mon investissement et mon combat pour Child Focus”. “À l’époque”, ajoute-t-il, “c’est grâce à la générosité des citoyens et à l’investissement de personnes bénévoles, volontaires, qu’on est parvenu à pouvoir payer les factures de l’imprimerie pour réaliser les affiches nécessaires que les volontaires ont distribuées par la suite”.
”Si la fondation avait existé à l’époque, je ne sais pas si on aurait retrouvé les petites. Mais on aurait eu un outil complémentaire, parce que l’impression d’affiches coûte cher.” Très cher. Trop cher.
Et Jean-Denis Lejeune de préciser que “Child Focus aura été un combat pour donner un sens à la mort de nos filles”.
En vingt-cinq ans, le papa de Julie reconnaît que la pédocriminalité a évolué. “Avec l’avènement d’Internet, la criminalité a changé, avec des prédateurs sexuels présents sur le Web. Il y a une autre approche pour les pédophiles de se procurer des enfants ou d’avoir accès à des images pédophiles. Maintenant, au niveau des enlèvements, on n’en entend peut-être un peu moins parler qu’à une certaine époque et je m’en réjouis.”
On dit souvent que le temps atténue les douleurs, la peine, mais ce n’est pas vrai. Même après autant d’années, il faut savoir que c’est toujours aussi douloureux.
Jean-Denis Lejeune, le papa de Julie, souffre depuis plus de 27 ans. Depuis ce funeste jour de juin 1995 lorsque sa fille, accompagnée de sa copine Mélissa, s’était rendue sur le pont de l’autoroute de la région liégeoise pour jouer. Un an plus tard, en août 1996, les corps de Julie Lejeune et Mélissa Russo étaient découverts dans le jardin de la propriété de Marc Dutroux à Sars-la-Buissière. Enfouis sous plusieurs mètres de terre.
L'ancien visage de Child Focus pendant 15 ans : “Des moments difficiles, mais aussi des cris de joie” (vidéo)”Aujourd’hui encore, il y a des hauts et des bas”, explique Jean-Denis Lejeune quand on lui demande de ses nouvelles. “On dit souvent que le temps atténue les douleurs, la peine, mais ce n’est pas vrai. Même après autant d’années, il faut savoir que c’est toujours aussi douloureux. Il y a des dates qui sont des caps à passer, comme la fameuse date du 21 mars, qui correspond, selon les dires de Dutroux, au jour où il serait rentré chez lui après un séjour en prison et qu’il aurait retrouvé les filles en train de mourir… Quoi qu’il en soit, Child Focus aura été un combat pour donner un sens à la mort de nos filles.”
La véritable histoire, on ne la connaît toujours pas puisque tous les protagonistes du dossier Dutroux se contredisent. J'aimerais donc savoir ce qui s'est passé, depuis la promenade des petites jusqu'à ce qu'on les retrouve mortes!
Près de 28 ans après la disparition de Julie et Mélissa, Jean-Denis Lejeune nourrit l’espoir de connaître un jour la vérité sur ce qui s’est exactement produit. “Oui, j’attends toujours quelque chose”, reconnaît-il. “Quelque part, j’aimerais connaître l’historie complète de l’affaire Dutroux. La véritable histoire, on ne la connaît toujours pas puisque tous les protagonistes du dossier se contredisent. J’aimerais donc savoir ce qui s’est passé, depuis leur promenade jusqu’à ce qu’on les retrouve mortes !”
Dutroux ne reconnaît toujours pas l’enlèvement de Julie et Mélissa. Je veux bien l'entendre, mais si ce n'est pas lui, c’est qui?
Et Jean-Denis Lejeune d’ajouter : “Dutroux ne reconnaît toujours pas l’enlèvement de Julie et Mélissa. Je veux bien l’entendre, mais si ce n’est pas lui, c’est qui ? Encore aujourd’hui, je me pose encore beaucoup de questions. C’est quand même mon sang et j’aimerais tant savoir ce qui s’est passé avec ma fille…”