Il a désormais sa série sur Netflix : Tapie, une vie en cinq dimensions
Nous avons vu les 7 épisodes de “Tapie”, nouvelle série française de Netflix, qui donne de l’ex-président de l’OM une image un peu angélique.
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- Publié le 13-09-2023 à 04h00
- Mis à jour le 14-09-2023 à 06h32
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Bernard Tapie est décédé en octobre 2021. Un peu moins de deux ans plus tard, il a déjà droit à une série en sept épisodes, que Netflix mettra en ligne ce mercredi sur sa plateforme. Nous avons eu l’occasion d’en regarder l’intégralité. Alors, quel Tapie nous montre-t-elle ?
“Tapie”, Netflix, 7 épisodes. Avec Laurent Lafitte, Joséphine Japy, Camille Chamoux et Fabrice Luchini. En ligne le 13/9/2023.
1. Tapie le mort de faim
C’est le postulat de départ, et un peu celui de toute la série : si Bernard Tapie a pu fauter, au cours d’une carrière plus multifonctions que les robots ménagers qu’il a jadis vendus, c’est d’abord parce qu’il venait “de nulle part”, qu’il a dû “jouer des coudes” pour réussir. Bref, ainsi que le chante Polnareff dans l’épisode final avec son inoubliable Love Me, Please Love Me, parce qu’il voulait être aimé. Et si l’opiniâtreté du bonhomme peut forcer l’admiration, cette complaisance globale peut aussi mettre mal à l’aise, surtout quand on connaît les liens d’amitié qui unissaient Tapie et Jacques Séguéla, le… père du réalisateur de la série, Tristan Séguéla.

2. Tapie le fils
La première partie du programme est consacrée aux années business de Tapie, qui succèdent à un parcours très bref dans la chanson. Une période où il a, déjà, les dents qui rayent le parquet, et lors de laquelle – c’est une autre hypothèse ici développée – il n’aura de cesse de chercher à convaincre son père, mais aussi sa première femme (qui l’enjoignait alors “d’atterrir un peu”) de sa et de ses valeurs. Le grand écart.
3. Ce vendeur de Tapie
D’abord loser, Tapie se transformera en winner grâce à un associé impitoyable, joué par Fabrice Luchini… et qui le laissera sans le sou après un passage, déjà, devant les tribunaux. Il saura, bien sûr, se relever, et se montrera “précurseur” dans la façon qu’il aura de racheter, pour rien, des entreprises en berne (Wonder, Adidas) pour les revendre au prix fort après – et moyennant quelques astuces comptables – les avoir redressées. Son génie est ici évident… même s’il est aussi un poil décadent.
Y en aura jamais assez pour Bernard, moi je vous le dis
4. Tapie tel Icare
“Y en aura jamais assez pour Bernard, moi je vous le dis”, lance, prémonitoire, l’un de ses amis alors qu’il les reçoit dans sa luxueuse résidence, au cours du deuxième épisode C’est que Tapie s’apprête à entrer en politique. Où il sera – c’est la version ici présentée – berné puis lâché par Mitterrand, malgré son baroud télévisé face à Le Pen. Tapie s’est brûlé les ailes tel Icare, et ses (forcément) bonnes intentions ne sont jamais mises en doute. Discutable.

5. Tapie for president
Il faut quasiment attendre l’épisode 6 pour voir abordée sa période OM, la victoire du club marseillais en Ligue des Champions puis sa chute pour corruption grâce à un honnête homme (lui) nommé Glassmann.

Et s’il est enfin montré sous un jour plus sombre (son face-à-face final avec le procureur de la République Eric de Montgolfier est un sacré moment), il demeure flamboyant, tandis que Jean-Pierre Bernès, autre acteur majeur du scandale de corruption, est présenté comme un “faible”, broyé par le système. Pas facile à gober quand on connaît son CV. Tapie est, lui, incarné avec brio par un merveilleux Laurent Lafitte, et c’est la très bonne nouvelle au sujet d’une série qu’on a le droit de regarder par curiosité. Mais sans jamais verser dans la naïveté.
Raymond Goethals, présenté comme un pantin
L’intérêt, pour nous Belges, est aussi de voir la façon dont est présenté Raymond Goethals, entraîneur de légende et à la tête de l’Olympique de Marseille lorsqu’il a remporté la C1. Et on ne peut pas dire que le portrait soit flatteur : mal interprété par un acteur le poussant jusqu’à la caricature, clope toujours au bec, il apparaît volontiers comme un pantin, qui reçoit ses consignes directement depuis la tribune présidentielle et s’écrase devant les compositions d’équipe imaginées par Tapie himself. Un peu réducteur, sans doute, quand on connaît la carrière et la malice du personnage. Mais la série, bien sûr, ne lui est pas consacrée…
