Le mystère Philippe de Dieuleveult, disparu en 1985: le film de l’espoir pour son filleul Alexis
Le 6 août 1985, l’animateur Philippe de Dieuleveult disparaissait dans les rapides d’Inga. Un docu revient sur ce mystère ce jeudi soir sur France 2.
Publié le 18-05-2023 à 04h00
:focal(544.5x372.5:554.5x362.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/YHNZT5NP2NHXRBIYFTDP5CPRK4.jpg)
Le dossier reste un mystère depuis plus de 35 ans: qu’est-il réellement arrivé à Philippe de Dieuleveult et six autres de ses compagnons de voyage le 6 août 1985 dans les chutes du barrage d’Inga, au Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo) ? L’animateur de La Chasse aux trésors – diffusée sur Antenne 2 (ex-France 2) de 1981 à 1984 – identifiable à sa combinaison rouge et célèbre pour son audace, participait à une aventure jamais tentée jusque-là: traverser l’Afrique d’est en ouest en raft sur le fleuve Zaïre. Deux bateaux avaient été affrétés pour cette expédition baptisée Africa-Raft. Tout se déroule normalement, mais le 6 août, les chutes d’Inga et leur débit impressionnant de plus de 40 000 m3/seconde font reculer François Laurenceau et Jean-Louis Amblard, qui décident de ne pas partir. Les sept autres aventuriers – parmi lesquels Philippe de Dieuleveult et l’entrepreneur belge Guy Colette – ne reculeront pas: on ne les reverra plus jamais.
Si la thèse de la noyade est retenue, elle ne tient pas la route longtemps. La raison ? On retrouve son raft échoué mais intact après les rapides d’Inga. Quelques affaires personnelles sont planquées sous un rocher un peu plus loin. Philippe de Dieuleveult était bel et bien vivant ! Mais que lui est-il arrivé ?
Bavure militaire
C’est ce que tente de découvrir ce nouveau documentaire, Dieuleveult, les disparus du fleuve, écrit par Anna Miquel et Yannick Saillet, et que France 2 diffuse jeudi soir. Avec comme fil rouge la piste d’une bavure militaire, voire d’un assassinat d’État. Soit la thèse défendue par Alexis de Dieuleveult, filleul et neveu de l’animateur, qui a publié en 2020 un livre intitulé Noyade d’État (éditions Balland). Il place beaucoup d’espoir dans la diffusion de ce film, lui qui vient de se voir signifier par le parquet de Paris que l’enquête suite à sa plainte introduite en février ne serait pas rouverte "faute de charges nouvelles."
"J’ai l’espoir que tout le monde sache que Philippe a été assassiné et n’est pas mort noyé. Un livre, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Ce film est aussi une façon de relayer le combat de mon père Jean. Après la vision de ce film, chacun se fera son opinion."
Le fait que la justice ne rouvre pas le dossier, Alexis de Dieuleveult l’anticipait déjà lors de notre entretien, intervenu avant qu’on ne lui communique la nouvelle. "Je sais que l’on n’a pas envie de rouvrir ce dossier. Mais la réponse viendra peut-être après la vision de ce documentaire. Et cela n’arrêtera pas mon combat pour la vérité."
Preuve de manipulation
Parmi les éléments troublants figure notamment cette histoire de corps rendu à la famille et qui s’avérera finalement ne pas être celui de l’aventurier. "Lors de mes recherches, j’ai trouvé l’acte de décès de Philippe, signé par le vice-consul de France. Or, d’autres examens ont permis par la suite de prouver que ce n’était pas lui. Pourquoi mettre son nom sur un corps inconnu ? On a ici la preuve de la manipulation. D’autant plus que des télégrammes de l’ambassade de France à Kinshasa mentionnent l’hypothèse d’une bavure. Ce sont des éléments nouveaux qui appuient ce que mon père pensait."
Pour celui qui a travaillé comme steward sur le Concorde, "c’est à la France de prendre ses responsabilités et d’expliquer." Il en convient, tout n’est pas clair dans les témoignages en faveur de la thèse de la bavure. Mais ce n’est pas pour autant que tout est faux non plus.
L’objectif d’Alexis de Dieuleveult n’est pas de donner une sépulture à son oncle. "C’est plus un combat pour la vérité. On ne peut pas mentir de cette façon. On peut comprendre qu’il y ait eu à l’époque des intérêts supérieurs. Mais remettre un corps non identifié à une famille, c’est indigne."
France 2, 21.10