À la télé ce mercredi soir: le consentement chez l’ado et les choix de la rédaction
À quel âge un adolescent peut avoir une relation sexuelle avec un adulte ? Quelle est la valeur de son consentement ? Un docu sur France 2 nous éclaire.
Publié le 10-05-2023 à 12h20
"Q uand c’est non, c’est non !", chante Jeanne Cherhal. Mais cela ne veut pas dire que quand on ne dit rien, on est forcément consentant ! C’est souvent le cas de jeunes ados qui, face à l’autorité de l’adulte, n’osent pas exprimer leur refus.
Ce soir, France 2 rediffuse le documentaire de Karine Dusfour consacré à cette problématique du consentement.
"Il a fallu une année scolaire pour qu’Anouck se rende compte qu’elle ne voulait pas continuer à sortir avec son prof, indique la réalisatrice dans une note d’intention. Il a fallu dix ans à Audrey pour sortir de l’emprise de son entraîneur. Il a fallu vingt ans aux garçons du club de natation de Pont-Saint-Pierre pour comprendre qu’ils étaient violés par leur moniteur. Il a fallu cinquante ans à Francesca Gee pour que la société puisse entendre sa version des faits dans l’affaire Matzneff."
Son film suit quatre filles et deux garçons qui racontent comment, adolescents, ils n’ont pu échapper au désir sexuel d’un adulte. Comment il leur a fallu des mois, des années ou des décennies, avant de comprendre que leur consentement n’était pas libre et éclairé. Des années 1970 à aujourd’hui, ce documentaire retrace aussi le consentement d’une société à tolérer les relations sexuelles entre un adulte et un mineur de moins de 15 ans.
En avril 2021, la loi en France a été modifiée. Désormais, aucun adulte ne peut se prévaloir du consentement sexuel d’un enfant s’il a moins de 15 ans, ou moins de 18 ans en cas d’inceste. Les juges n’ont plus à établir une violence, une contrainte, une menace ou une surprise pour constater et punir le viol ou l’agression sexuelle. La question du consentement de l’enfant ne se pose donc plus en dessous de l’âge de 15 ans et de 18 ans dans les affaires d’inceste.
Mais la notion de consentement reste complexe. Le documentaire met au jour les mécanismes qui se nourrissent l’un l’autre pour aboutir au silence: d’un côté, les adolescents s’imaginent consentir, sous la pression de l’adulte ; de l’autre, la société et l’entourage consentent à cette relation, en ne voulant pas la voir. Les deux consentements s’emboîtent pour sceller le silence, l’inaction et la non-protection des mineurs. L’enjeu dramatique et narratif du documentaire accompagne ce dévoilement d’un consentement supposé jusqu’à la révélation du non-consentement.
France 2, 22.50