Pierre Deprez au moment de prendre sa retraite : “C’est sûr que ça va me manquer”
Après plus de 30 ans passés à la RTBF, Pierre Deprez prend sa retraite ce 1er mai et retrace les grands moments de sa carrière.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/e4cb4867-eef1-4b7e-abc3-f1be48f4e46e.png)
Publié le 27-04-2023 à 18h30
:focal(3260x2175:3270x2165)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/S4XBVL57VRGDJDVMZRW3QFYDEA.jpg)
Arrivé en 1990 à la télévision publique, Pierre Deprez commentait et couvrait les grands évènements sportifs, mais pas seulement. Au moment de prendre sa retraite, il regarde son parcours avec une certaine émotion.
Pierre, si vous ne deviez retenir qu’un moment de votre longue carrière, quel serait-il ?
C’est spécial, mais je dirais que c’est ma présence sur le plateau de la tribune (lundi 24 avril, ndlr) et l’avalanche de mots et de gestes gentils de la part de mes collègues. J’ai vraiment été surpris de voir le nombre de messages et l’appréciation dont je faisais l’objet depuis l’annonce de ma retraite. C’était une chose dont je n’étais pas du tout conscient et ça m’a touché.
Qu’est-ce que vous aimiez dans votre métier ?
Les deux aspects que j’ai le plus aimé ont été les interviews avec les Diables et de manière générale les reportages à la rencontre d’un sportif, que ce soit un footeux, un cavalier, un nageur… J’ai passé une bonne partie de ma carrière à rêver des commentaires foot en direct. J’ai réalisé dans les dernières années que le plus enrichissant et ce dans le quoi j’étais le plus à l’aise, c’étaient les reportages complets, notamment grâce à la relation de confiance qui s’installait avec la personne interrogée.
Quelle personnalité sportive vous a le plus marqué ?
J’ai eu 3 entretiens avec Vincent Kompany et ça a à chaque fois été un bonheur intellectuel, relationnel et journalistique. Mais le reportage qui m’a le plus marqué – et qui nous a valu une récompense, internationale, l’AIPS Sport Media Awards – c’était avec Piotr Van Montagu, un athlète paralympique, l’archer sans bras.
Pourquoi ?
Il réalise un exploit incroyable. Il se débrouille dans la vie de tous les jours sans bras, avec les pieds, les orteils, la bouche, ce qui est prodigieux. Et dans son sport, il parvient à bander son arc et à toucher des cœurs de cible que beaucoup de valides n’atteindraient pas. Une vraie relation s’est installée alors que c’est un reportage un peu “touchy” : on n’est pas loin du voyeurisme, il n’est pas question d’occulter son handicap, il faut le montrer à la télévision. Humainement, c’était une magnifique expérience. Après ça, on n’ose plus se plaindre d’un rhume.
Vous avez aussi couvert de nombreux grands évènements sportifs, quel est votre plus grand souvenir ?
Les 4 Jeux Olympiques où on a commenté avec André Henveaux les succès incroyables de Michael Phelps. C’est fatalement le meilleur nageur de tous les temps et il ne sera jamais égalé et l’un des plus grands sportifs toutes disciplines confondues. Sa dernière course aux JO a été l’un des moments les plus émouvants de ma carrière.
La TV ne va pas vous manquer ?
J’espère que non. J’ai pris conscience de tout ce qui me passionnait dans mon métier dans ma dernière année et ça va manquer, j’en suis sûr. Je ne sais pas encore par quoi je vais combler ça. Les choses passionnantes, gratifiantes, dans lesquelles il y a de l’adrénaline, je n’ai rien préparé pour les remplacer puisque jusqu’à la fin j’avais même la boulimie sur les différents reportages et commentaires que je voulais faire. L’aventure commencera le 1er mai.
Vous continuerez à suivre le sport ?
Oui, je peux aussi ressentir de l’adrénaline en suivant le sport en direct. J’envierai sans doute mes collègues mais je ne vais pas me priver d’une chose que j’aime depuis que je suis gamin. C’est sûr que je continuerai à suivre les Diables, d’autant que c’est une nouvelle génération avec un nouvel entraîneur. Aux JO 2024, je vais fatalement tendre l’oreille aux compétitions que je commentais : la natation, le volleyball, le judo. Ce à quoi je crois que je vais regoûter, c’est le vélo ou le tennis.
Des disciplines que vous n’avez jamais commentées…
Non, mais quand j’étais gamin j’aimais le suivre pendant des heures et des heures. Depuis que je suis journaliste, je ne me suis jamais offert ça parce que ça me pompait trop de temps sur une journée. Je suis moins friand en revanche des sports moteurs.
Y a-t-il des moments que vous avez moins appréciés dans votre carrière ?
Il doit y en avoir eu mais je n’arrive pas vraiment à m’en souvenir. Je sais qu’en tout cas – et ça m’est arrivé trop souvent – de me tromper sur le nom d’un joueur ou de dire une bêtise et de m’en rendre compte. J’aurais aimé rembobiner après ça.
Qu’est-ce qui a changé dans le métier ?
L’accès aux sportifs est de plus en plus difficile, surtout les footballeurs. Le milieu est plus professionnalisé et le nombre de médias qui leur courent après de plus en plus nombreux. À la RTBF, on nous a aussi demandé de faire plus que de la TV : des réseaux sociaux, de la radio, du web. C’était plutôt pesant pour moi, qui ne suis pas très doué avec le numérique en général, mais c’était aussi enrichissant puisque plus complexe.