Diversité dans les médias: le bulletin du CSA n’est pas bon
Le CSA a publié hier son Baromètre 2021 de la diversité dans les médias. L’occasion de dresser un bilan sur dix ans. Et ce n’est pas top.
- Publié le 25-04-2023 à 04h00
- Mis à jour le 25-04-2023 à 10h48
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Hier, le CSA célébrait les dix ans de son Baromètre de l’égalité et de la diversité dans les médias audiovisuels de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais le cœur n’était pas plus que ça à la fête. La raison ? L’organisme note peu d’évolution en matière d’égalité et de diversité à l’écran. La seule progression porte sur la présence des femmes.
Pour les autres groupes (personnes perçues comme issues de la diversité, les personnes perçues comme étant en situation de handicap, les classes d’âges situées aux extrémités de la pyramide des âges ainsi que les catégories socioprofessionnelles les moins qualifiées et les inactifs) continuent de faire l’objet d’une sous-représentation massive à l’écran. On vous résume ça.
1.Davantage de femmes à l’écran
Entre 2011 et 2021, la proportion de femmes à l’écran a augmenté de 7,94% pour atteindre, en 2021, 39,35% de l’ensemble des intervenants analysés dans l’étude. Cette progression est l’arbre qui cache la forêt, puisqu’elles restent sous-représentées dans les médias au regard de leur présence dans la société. Les femmes sont surtout présentes dans le rôle de journaliste-animatrice (46,14%). On constate également sur 10 ans une augmentation importante du nombre de femmes dans le rôle d’experte (+8%) ou encore dans le rôle de porte-parole (+13%). De manière générale, les femmes sont davantage présentes aujourd’hui dans la plupart des programmes, notamment sportifs (+9% en 10 ans), jusqu’alors plutôt réservés aux hommes.
Par contre, on constate une propension au jeunisme: plus les femmes sont jeunes, plus elles apparaissent à l’écran.
2.La proportion des personnes perçues comme issues de la diversité diminue
Depuis 2011, le CSA pointe le manque de visibilité des personnes perçues comme issues de la diversité dans les différents programmes audiovisuels. La tendance s’est même inversée entre 2017 et 2021. Dans l’ensemble, la proportion de ces personnes a diminué dans la majorité des programmes depuis 10 ans, avec certaines baisses significatives (-18% dans la fiction et -10% dans le divertissement). Et souvent, diversité ne rime pas avec prestige, qui est plutôt réservé aux Blancs de catégorie socioprofessionnelle supérieure (CSP+).
3.Lespersonnes perçues comme étant en situation de handicap "invisibilisées"
Les personnes perçues comme étant en situation de handicap sont pratiquement absentes de l’écran. Elles représentent 0,47% de l’ensemble du corpus du dernier Baromètre, ce qui constitue une diminution de 1,01% par rapport à 2017. Ces personnes sont très majoritairement sollicitées dans des programmes d’information et des magazines-documentaires sur des sujets spécifiquement liés au handicap (81,52%). "Aucun journaliste-animateur au sein des programmes d’information n’est perçu comme étant en situation de handicap", notent par ailleurs Camille Laville et Yasmina Ghanim, du service études et recherches du CSA. Et lorsqu’on en voit, leurs rôles médiatiques sont majoritairement passifs.
4.Les jeunes CSP + crèvent l’écran
Depuis une dizaine d’années, les personnes appartenant à une catégorie socioprofessionnelle supérieure (CSP + ) sont majoritaires à l’écran. Et leur nombre croît de Baromètre en Baromètre. En 2021, elles représentent 55,29% des personnes de l’échantillon sélectionné, contre 42,46% en 2011. Cette progression se fait au détriment des autres catégories comme les inactifs – souvent réduits à un rôle de témoin lors d’un micro-trottoir -, les ouvriers, artisans, agriculteurs, employés non qualifiés… De plus, les hommes sont majoritaires (63,87%) par rapport aux femmes en 2021.
5.Tendance générale au jeunisme
En 2021, les 19-34 ans et les 35-49 ans dominent largement les programmes audiovisuels. Les premiers sont plus présents dans le sport (66,40% des intervenants). Les seconds représentent 30,76% des intervenants de la fiction et 29,70% des intervenants dans l’information. Cette tendance se fait au détriment des plus jeunes et des seniors. Les personnes perçues comme étant issues de la diversité subissent aussi cette tendance au jeunisme.