France Télé: changements et grogne
France 3 perd ses journaux nationaux au profit de l’info de proximité dès la prochaine rentrée.
Publié le 07-07-2022 à 06h00
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L’information de proximité, avec la suppression des journaux nationaux de France 3, et le numérique, avec la montée en puissance attendue de la plateforme en ligne France.tv, sont deux priorités de France Télévisions, a annoncé mercredi le groupe public lors de la présentation de sa rentrée.
De l’aveu même de son directeur de l’information, Laurent Guimier, c’est un "changement culturel majeur" : France Télévisions a officialisé la suppression dès septembre 2023 des journaux nationaux de France3, le 12/13 et le 19/20.
Ils seront remplacés par 24 journaux télévisés "lancés intégralement depuis les régions et incarnés par 24 visages des antennes régionales de France 3" , a indiqué la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, lors d’une conférence de presse à Paris.
Intitulés Ici Midi et Ici Soir , les journaux régionaux incluront des sujets sur l’actualité nationale voire internationale, mais avec un prisme local. Selon Mme Ernotte, cet "ancrage" correspond aux attentes des téléspectateurs. "Prenons l’exemple de la crise de l’énergie: on ne va pas la traiter de la même manière à Saint-Avold ou à Rennes, car ça n’a pas le même impact" , a-t-elle argumenté, en assurant que ce changement "n’obéit pas à une logique d’économies" .
Grogne des syndicats
"Les contenus nationaux des JT seront produits par franceinfo et les services de la rédaction nationale, et donc mis à disposition des rédactions régionales" , avait indiqué mardi à l’AFP Philippe Martinetti, directeur du réseau France 3.
Ce projet a soulevé l’hostilité des syndicats: la CGT a dénoncé une "liquidation à la hussarde" et le SNJ (Syndicat national des journalistes) y a vu "l’ultime trahison" de Mme Ernotte.
"L’émotion est légitime, on ne passe pas à une autre étape de l’info de France 3 comme ça" , a commenté M. Guimier, lui-même visé fin juin par une motion de défiance des rédactions nationales de France Télévisions.
Autre axe fort des mois à venir: le développement de l’offre numérique de France Télévisions, au-delà des chaînes traditionnelles.
"D’ici à 2024, nous doublerons la couverture de France.tv pour qu’au moins trois quarts des Français la consomment chaque mois" , a déclaré Mme Ernotte.
Selon elle, "France.tv doit devenir la première plateforme de vidéo gratuite de France" . Pour cela, l’offre sur cette plateforme va être renforcée, avec un doublement des séries disponibles (20 par jour) et une augmentation du nombre de films (200 par an), comme le fait la télévision publique suédoise, SVT.
Un "changement de paradigme majeur" appelé à s’amplifier avec les jeunes générations. "Cette dynamique de plateformisation c’est le sens de l’histoire et, d’ici trois-quatre ans, ce ne sera même plus une question, on sera d’abord des éditeurs de plateformes" , a renchéri le directeur des antennes et des programmes de France Télévisions, Stéphane Sitbon-Gomez.
Par ailleurs, la présidente de France Télévisions a brièvement évoqué la suppression prochaine de la redevance. Contestée par les syndicats, qui craignent une baisse de financement de l’audiovisuel public, cette suppression sera bientôt examinée par les députés.