L’ogre était dans la maison
Andrea Bescond raconte les violences sexuelles dont elle fut victime enfant dans «Les chatouilles».
- Publié le 15-03-2021 à 06h00
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Danseuse de talent, Andrea Bescond a longtemps promené son talent au fil des projets, ici au Junior Ballet de Paris, là dans des comédies musicales comme Les dix commandements ou Roméo & Juliette, puis au théâtre, où elle connut un succès rapide puisqu'elle fut, dès 2010, nommée pour le molière de la révélation féminine pour sa participation à une pièce – Les 39 marches – écrite par son mari, le dramaturge Éric Metayer.
C'est – et ça n'a probablement rien d'un hasard – au retour d'une double maternité que la carrière de la jeune femme d'aujourd'hui 41 ans prendra un autre tournant: en 2014, elle écrit Les chatouilles ou la danse de la colère, une pièce dans laquelle elle raconte comment, enfant, elle fut victime de violences sexuelles de la part d'un ami de ses parents. La pièce saura se faire remarquer au festival d'Avignon, ouvrant à Andrea Bescond les portes du cinéma pour une adaptation de son œuvre survenue dès 2018. Et plus sobrement rebaptisée Les chatouilles pour le septième art.
Elle y mélange les codes du théâtre et du cinéma pour mieux faire ressentir les troubles de sa petite héroïne, qui ne s’appelle pas Andrea, mais Odette. Une enfant souriante et jouette. De l’extérieur, du moins, car cette fillette de huit ans se sent mal à l’aise quand elle se retrouve seule avec un ami de la famille aux mains chatouilleuses… Elle trouvera dans la danse sa bouée de sauvetage autant que son exutoire. Et certaines de ses prestations scéniques prennent parfois, de fait, des allures de transe.
On passe de la chambre de l’innocente proie à sa reconstruction dans le cabinet d’un psy. On souffre avec elle au fil d’un récit douloureux, saccadé, mais surtout rempli de la formidable énergie qu’elle dégage. Un film fort, mais qui demande au spectateur un effort d’empathie qui peut s’avérer psychologiquemet éreintant.
La Une, 20.40