Un jeûne d’écran salutaire
Dans «Play Again», six ados américains addicts au monde virtuel tentent de renouer avec la vraie vie à travers un stage nature.
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Publié le 26-11-2012 à 07h00
Ils ont entre 12 et 16 ans et passent entre 7 et 15heures par jour devant un écran, celui de la télévision, de l'ordinateur ou de leur gsm. Taylor peut envoyer jusqu'à 500 sms par jour et Kris passe en moyenne 15 heures dans la galaxie virtuelle des jeux vidéo. « Je préfère jouer aux jeux vidéo que dans le jardin, explique Aksel. Je suis dans mon petit monde et je contrôle tout ce qui se passe.» Comme la plupart des ados américains, ils sont capables d'identifier une centaine de logos publicitaires mais seulement une dizaine de plantes.
Ces jeunes ont accepté de suivre une cure de désintox dans un camp nature. Dans cette forêt de l’Orégon, il n’y a ni eau, ni électricité, ni toilette, ni réseau. Objectifde cette mise au vert: aider ces ados à sortir progressivement, au moins pour un temps, de leur prison virtuelle. La procédure est connue et on devine assez vite que ces gamins ne pourront en retirer que du bénéfice même si le chemin sera plus long et douloureux pour certains que pour d’autres.
Dans son documentaire, le réalisateur norvégien Tonje Hessen Schei va bien au-delà de l’addiction aux écrans des ados. En marge des émotions que suscitent cette (re) découverte de la nature et des relations humaines sans le filtre protecteur et déformant d’un écran, il s’interroge sur les conséquences possibles de cette génération de plus en plus déconnectée de son environnement naturel.
Les avis des experts (psychologues, sociologues,…) sont alarmants. Certains prédisent à cette génération high-tech, «celle qui a le moins d'activités en plein air de toute l'histoire de l'humanité » une espérance de vie plus courte que celle de leurs parents. Et un épanouissement au ras des pâquerettes: «jouer dehors avec d'autres enfants stimule la créativité, l'intelligence, l'empathie et la prise de conscience du monde autour de soi ».
Pire, les enfants qui passent des heures en compagnie de personnages virtuels éprouvent des difficultés à reconnaître les émotions sur le visage d’une personne de chair et d’os. Et ces enfants de la pub, addicts aussi à la consommation, ne risquent-ils pas de mettre en péril l’avenir de la planète?
C'est Kris, l'ado le plus accro aux jeux vidéo, qui aura la parole la plus sage: «il faut trouver un équilibre entre ces deux mondes, celui de la nature et celui des images».
La Une, 22.50