Rudy Léonet: "Jean-Louis Murat, c’était un faux dur et un vrai sensible"

L’animateur de la RTBF et ex-directeur de Pure FM Rudy Léonet a bien connu Jean-Louis Murat. C’est lui qui l’a poussé à écrire pour Indochine, en 2002.

 Rudy Léonet a rencontré Jean-Louis Murat en 1987, lors d’un concert de George Michael à Paris.
Rudy Léonet a rencontré Jean-Louis Murat en 1987, lors d’un concert de George Michael à Paris.

"Une fille de chez Virgin nous a présentés lors d’un concert de Georges Michael à Paris. C’était en 1987. Elle m’a dit: ‘On vient de signer un nouvel artiste, cela fait cinq ans qu’il n’a rien fait, il est génial et je suis sûre que tu vas bien t’entendre avec lui car vous avez le même humour.’"

L’entente fut tellement bonne que Jean-Louis Murat l’invitera dans son "repère" en Auvergne, à Orcival. "Avec mon groupe La Variété, nous avons fait deux fois sa première partie au Casino de Paris, au début des années 90. Il a même repris une chanson que j’avais écrite qui s’appelle Dans ma nature… On s’entendait bien !"

Au point que lorsque Mylène Farmer évoque dans une interview qu’elle lui accorde son admiration pour "le venin de Jean-Louis Murat", il suggère au chanteur auvergnat de faire une collaboration. "Il a refusé et je lui ai écrit une longue lettre reprenant dix raisons de faire un duo avec Mylène Farmer." Ce sera fait en 1991 avec Regrets.

"Il était sensible à une forme d’encouragement"

Un peu plus de dix ans plus tard, c’est avec Indochine que Murat collabore, toujours à l’initiative de Rudy Léonet, qui est ami avec Nicola Sirkis. Là aussi, le chanteur bougonne au départ. "T’es complètement fou, m’avait-il dit. Mais Jean-Louis aimait bien qu’on lui reconnaisse des qualités. Il était sensible à une certaine forme d’encouragement, en lui marquant du respect et de l’admiration pour la qualité de son travail. Un jour, dans ma boîte aux lettres, j’ai reçu une cassette avec une chanson intitulée Ancien d’Indo, qui est devenue Un singe en hiver." Elle figurera en dernière position sur le disque Paradize et sortira ensuite en single. Ce qui permettra à Jean-Louis Murat de toucher de confortables droits d’auteur. En 2017, il collaborera à nouveau avec le groupe en écrivant Karma Girls sur l’album 13.

Jean-Louis Murat avait un caractère entier. Il était connu pour son franc-parler sur les plateaux télé. "C’était un faux dur et un vrai sensible. Il venait du punk et n’avait pas sa langue dans sa poche. Il se décrivait comme un ouvrier de la chanson, systématiquement contre tout modèle industriel. Il détestait les maisons de disques et leurs patrons, ainsi que les chanteurs parvenus. Il dézinguait tout le monde de Biolay à Bruel, un peu comme on le fait dans 5 Heures avec Hugues Dayez. Mais c’était un vrai généreux et un vrai gentil, que ce soit avec ses musiciens, son équipe…"

"C’est l’anti-Voulzy"

Murat était aussi un bosseur, qui sortait quais un album par an depuis 2002. "L’ironie du sort veut qu’il meure la veille de la sortie d’un best-of, chose contre laquelle il s’est toujours battu. Mais parmi les vingt titres sélectionnés, on trouve de vrais tubes." Cette production foisonnante l’a peut-être desservi. "Il produisait plus que ce que sa maison de disques était capable d’absorber. C’est l’anti-Voulzy. Je suis certain qu’on va trouver des quantités de chansons inédites chez lui."

Rudy Léonet lui rendra hommage, ainsi qu’à Tina Turner, dans La semaine des 5 Heures ce jeudi soir à 19h sur La Première.

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