Jali en solo sur scène: "J’avais envie de me mettre en danger"

De retour avec un nouvel album sorti en janvier dernier, Jali s’est lancé dans une tournée en solo.

Interview : Sébastien Braun
 À l’Inc’Rock, Jali a retrouvé avec plaisir le public. L’occasion de pour lui de présenter son album "Paysages", sorti en janvier dernier.
À l’Inc’Rock, Jali a retrouvé avec plaisir le public. L’occasion de pour lui de présenter son album "Paysages", sorti en janvier dernier.

Fin janvier, Jali donnait enfin de ses nouvelles avec la publication d’un nouvel album, huit après Une seconde avant l’aube sorti en 2015. Intitulé Paysages et enregistré en grosse dans son grenier, on y retrouvait la voix claire et les mélodies efficaces de celui qui a été révélé en juin 2011 avec le single L’Espanola. Ce retour discographique se double d’un retour sur scène. Le week-end dernier, le chanteur bruxellois était à l’Inc’Rock Festival. L’occasion de le rencontrer.

Jali, vous voilà de retour sur le devant de la scène après huit ans d’absence. Pourquoi ce retrait ?

J’ai eu un parcours atypique puisque j’ai démarré la musique en 2011 et que j’ai très rapidement trouvé une maison de disques. Tout s’est passé très vite et lorsque j’ai sorti mon deuxième album Une seconde avant l’aube en 2015, l’accueil du public a été plus mitigé. Du coup, la maison de disques l’a été elle aussi (sourire)… Elle m’a rendu mon contrat et je me suis retrouvé indépendant au tout début de l’engouement pour le streaming. Donc je suis un peu passé à la trappe…

C’était un peu après votre participation en tant que juré dans "The Voice"…

Voilà. Ensuite, il a fallu du temps pour écrire de nouvelles chansons… J’ai aussi réfléchi à savoir si je voulais resigner dans une maison de disques ou pas… Puis il y a eu le Covid… Cela a donc pris du temps pour revenir, mais pour moi, cela a passé vite car il y a eu beaucoup d’obstacles à franchir.

Cet album "Paysages" a donc été écrit avant et pendant le Covid ?

Globalement oui. Il y a deux ou trois chansons qui sont plus récentes, mais je me suis remis à écrire pour moi pendant le confinement. Avant ça, j’ai beaucoup écrit pour les autres (NDLR: le groupe bruxellois Delta, Idyl rencontrée sur The Voice, Camille Yembe, Stéfi Celma…). J’étais devenu capable d’écrire sur commande. On me demandait une chanson sur la pluie, je faisais une chanson sur la pluie… C’est confortable car tu écris des chansons que tu ne dois pas porter toi-même, ce qui enlève pas mal de pression. Mais pendant le Covid, je me suis demandé si je voulais rester un mec de l’ombre… J’ai rassemblé les chansons qui existaient déjà – une quarantaine – et je me suis dit: "Là-dedans, il y a un album. Mais il est où ?" J’ai fait le tri, j’ai ajouté deux ou trois nouvelles chansons et voilà.

Musicalement, cet album est un retour aux sources…

Oui, sur le deuxième album j’avais exploré certaines choses… Ici, je me suis demandé: "Toi, ta musique c’est quoi ?" et la réponse a été: "Des textes, ma guitare, ma voix." Tout le reste, c’est du bonus.

Et pour les textes, comment avez-vous travaillé ?

J’ai un peu changé ma méthode par rapport à la période où j’écrivais pour les autres. Je laisse plus les chansons venir à moi. J’ai trouvé l’inspiration dans mon quotidien. Cela peut être un film que je vois, un documentaire ou parfois simplement un mot. C’est le cas pour la chanson Eldorado. Comme Espanola, c’est un mot qui évoque directement des choses… Je suis moins dans la torture de me dire qu’il faut que j’écrive absolument quelque chose aujourd’hui.

Le single "Au cinéma" a été écrit avec James Deano…

Oui ! On avait aussi écrit ensemble L’Espanola. On a toujours aimé collaborer. L’idée est venue car j’ai parfois l’impression qu’à notre époque, tu peux croiser quelqu’un de complètement inconnu un jour et le lendemain, il peut être la star du moment et se retrouver sur tous les plateaux télé. Mais si cela laisse cette impression, je sais qu’en coulisses, cela demande parfois des jours ou des années à se remettre en question. C’est ce que je dis dans la chanson: "La vie c’est pas comme au cinéma." C’est souvent plus difficile que ça…

Comment se passe le retour sur scène ? Vous êtes content ?

Très content ! Comme pour beaucoup d’artistes, l’album est un prétexte pour pouvoir revenir sur scène et retrouver mon public. La pandémie a changé un peu les habitudes des gens, mais j’espère que la saison des festivals qui arrive va relancer la machine. Ici, il y avait du monde, donc c’est de bon augure pour la suite.

Vous avez opté pour une formule minimaliste, seul avec votre guitare…

Oui, j’avais envie de me mettre en danger. C’est une liberté mais c’est aussi beaucoup de pression car tout dépend de moi. Cela me faisait peur, mais cela voulait dire que je devais le faire. C’est le challenge. Je n’ai pas encore fait beaucoup de concerts avec ce nouvel album, mais je me suis rendu compte que le public était réceptif: il ne vient pas écouter un batteur, un bassiste… Il vient écouter ce que je raconte.

Parmi vos guitares, il y en a une qui est un peu spéciale…

Oui, elle est unique au monde et j’en suis fier ! Elle a été faite sur mesure pour moi par un luthier bruxellois qui s’appelle Raphaël Van Mulders. Je l’ai rencontré en lui amenant une guitare à réparer. Il m’a montré ses guitares réalisées à partir de boîtes de cigares et j’en ai immédiatement voulu une.

La suite, c’est quoi ?

Je fais la tournée des festivals cet été et puis à l’automne, je n’ai pas encore de dates à annoncer. Il y aura sans doute des concerts dans des centres culturels et peut-être un peu plus de musicien avec moi sur scène. Et puis, peu de gens le savent, mais je fais des prods de rap ! (rires) Je suis très éclectique et j’écoute beaucoup de hip-hop. J’ai récemment fait une prod pour Scylla pour son dernier album, avec Akhenaton d’IAM en featuring.

Jali, "Paysages". Aux Fêtes de la musique à Durbuy le 23/06.

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