« Je vais t’aimer »: le répertoire de Michel Sardou comme bande-son de nos vies
La comédie musicale " Je vais t’aimer " passe par Forest National les 10 et 11 février prochains. Rencontre avec le coproducteur du spectacle, Roberto Ciurleo.
Publié le 28-01-2023 à 08h00
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Vous l’avez sans doute constaté, les comédies musicales s’enchaînent dans les salles de spectacle du pays. Après Mama Mia le week-end dernier, c’est Je vais t’aimer, comédie musicale conçue en 2021 à partir des chansons de Michel Sardou, qui est programmée les 10 et 11 février prochains à Forest National. Rencontre avec Roberto Ciurleo, l’un des deux producteurs du spectacle, qui a déjà produit Robin des Bois ou Bernadette de Lourdes.
Roberto, comment est née l’idée de ce spectacle autour des chansons de Michel Sardou ?
C’est un ami qui m’a un jour soufflé l’idée. Je lui ai demandé: "Tu penses à un spectacle comme Mamma Mia, mais à la française ?" et il m’a répondu par l’affirmative. Et cela m’a plu tout de suite. La seule condition était que j’arrive à convaincre Michel Sardou.
C’était nécessaire ?
Non, j’aurais pu me lancer dans l’aventure sans son accord, mais cela me semblait important de l’obtenir. Il a mis quelques mois avant de me dire oui. Ce qui lui a plu, c’est que ce ne soit pas un spectacle biographique. Par contre, il pensait que ce n’était pas possible de raconter une histoire complète autour de ses chansons.
Ce qui n’était pas votre avis…
Non. On pourrait même faire un spectacle autour d’une seule chanson. Chacun de ses textes raconte une histoire, avec un personnage… Et donc on a commencé à travailler et on a eu un vrai beau livret écrit par le Québécois Serge Denoncourt, qui est aussi le metteur en scène du spectacle.
Pourquoi lui ?
Tout d’abord parce que pour mes spectacles, je ne travaille qu’avec des Québécois. Ensuite, Serge est le plus grand metteur en scène québécois, autant du côté francophone qu’anglophone. Il a bossé pour le Cirque du soleil, mais il s’intéresse aussi à l’opéra, à Broadway, il a aussi écrit et mis en scène les premiers spectacles d’Arturo Brachetti… Enfin, si Sardou est connu au Québec, ce n’est pas sur l’ensemble de sa carrière. C’était donc intéressant d’avoir un auteur qui ne soit pas influencé par la dimension des chansons, si cela a été un succès ou pas… Il m’a d’ailleurs demandé s’il devait prendre Les lacs du Connemara, car au Québec, cela n’a pas du tout marché (sourire).
Justement, comment s’est opéré le choix des chansons ?
J’ai donné un top 100 au metteur en scène en disant à Serge que ce serait pas mal qu’il y puise, mais il a également choisi des titres moins connus qui permettaient de raconter l’histoire de ces six gamins qui quittent Le Havre le jour du voyage inaugural du France en 1962. Au milieu de l’intrigue, il y a un personnage qui s’appelle Thomas qui est un syndicaliste. Cela nous permet d’évoquer des tas de sujets de société encore très présents aujourd’hui.
Quelle est votre chanson préférée de Sardou, personnellement ?
Elle n’est pas dans le spectacle ! C’est une chanson qui s’appelle Rouge (NDLR: sortie en 1984 sur l’album Io Domenico), qui me rappelle mon père… Malheureusement, on ne lui a pas trouvé de place dans le livret. Par contre, il y a quelques chansons que je n’aimais pas écouter avant, comme Les bals populaires ou J’habite en France, qui sont devenues des tableaux extraordinaires dans le spectacle et que je peux écouter aujourd’hui en boucle.
Certaines chansons de Michel Sardou sont très controversées. On l’a accusé d’être d’extrême-droite, et dans les années 70, il y a eu des manifestations pour l’empêcher de chanter, notamment à Forest National…
Le spectacle est un contre-pied à tout ça. On n’a pas du tout pensé une minute à Sardou quand on a écrit le spectacle. Et c’est d’ailleurs ce qui lui a plu quand il est venu le voir à Caen. Et quand il a vu à quel point ses chansons ont marqué les gens, cela lui a donné l’envie de revenir sur scène.
Justement, ce retour, cela ne vous a pas fait peur pour la suite ?
S’il avait annoncé ce retour avant que nous nous lancions, cela aurait été du suicide. Mais là, quand il l’a annoncé, on tournait déjà depuis un an et on avait déjà accueilli 200 000 spectateurs. Et après son annonce, la billetterie a explosé. On va donc prolonger en 2024 et 2025. Il y a une vraie « Sardoumania » dans la population.
Au niveau du casting, vous avez choisi de miser sur des chanteurs moins connus…
Le critère n’a pas été qu’ils soient connus ou pas, mais qu’ils puissent chanter les chansons de Sardou, qui ne sont pas simples. Ensuite, il fallait qu’ils sachent jouer la comédie et danser. C’est vraiment un format West End Broadway.
Vous n’avez pas opté pour un orchestre live, non plus…
Non, car c’est très compliqué. Mais la bande-son est extraordinaire. Nous avons eu la chance d’être accompagnés par Pierre Billon, qui a énormément composé pour Sardou et qui l’accompagne sur scène.
Vous avez d’autres projets ?
Je coproduis un gros spectacle avec Gad Elmaleh qui s’appelle Bernadette de Lourdes. Ce n’est pas du tout un spectacle religieux, mais plutôt une enquête policière basée sur les procès-verbaux des apparitions. C’est du théâtre musical. Une version américaine est en train d’être montée. Et puis je travaille sur Hommage aux héros qui va être joué à partir du 6 juin 2025 en Normandie. On va construire un théâtre qui se déplace sur des rails et on raconte l’histoire du débarquement et la bataille de Normandie. Ce sera grandiose.
« Je vais t’aimer », à Forest National le vendredi 10 février à 20h et samedi 11 février à 14 h.