Lo Bailly: désarmant Petit Prince
Digne héritier des poètes de la Beat Generation, le Bruxellois Lo Bailly déroule son flow sur la face A de son premier album.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/SWAE3WOR3ZGDXLPHOQCX6OTDY4.jpg)
Publié le 27-01-2023 à 18h00
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/KFC4RBHCBRHMJIWZJMZ7DGMGUI.jpg)
Révélé en 2021 par le concours Du F dans le texte qui déniche les nouveaux talents s’exprimant en langue française (v. ci-dessous), Lo Bailly confirme tout le bien que l’on pensait de lui avec un premier album (qui sort en deux parties), Prosaïque (Face A).
Un disque sur lequel le Bruxellois pose sa prose sans artifice et éclaire la vie d’un jeune trentenaire d’aujourd’hui avec sa propre lumière. "L’album s’ouvre avec la chanson Prosaïque qui démarre dans ma chambre puis on évolue à travers l’album sur tous les questionnements d’un jeune homme d’une trentaine d’années, explique-t-il. Il s’interroge sur sa vie et sur le monde autour de lui. Cette première partie est plus à la première personne alors que la Face B sera plus tournée sur les autres."
Musicalement, Lo Bailly mise beaucoup sur le piano qu’il arrange avec des claviers électros. "Ça donne un truc très vaste, sourit-il. Mais j’ai l’impression que les styles musicaux se mélangent de plus en plus en ce moment. Les barrières s’estompent…"
Lucide et critique sur son environnement, Lo dit les choses et regarde le monde droit dans les yeux sans baisser la tête ni ajouter de fioritures. "C’est ce que je recherche dans mon écriture: dégager une certaine authenticité. Il se fait que le climat général est assez lourd et c’est d’autant plus vrai pour la jeunesse et la façon dont elle doit se positionner par rapport au monde ou les combats qu’on lui demande de mener. Le côté désabusé est juste à l’image de ma génération et de celle qui suit."
Ce n’est pas pour autant qu’il faut craindre son monde ; bien au contraire, tel un Petit Prince contemporain, Lo Bailly dégage une profonde et désarmante poésie qui secoue les âmes. Digne héritier de la Beat Generation, il déroule son flow particulier, soutenu par ses claviers mais aussi par la batterie de l’incroyable Antoine Pierre (dont le projet Vaague vaut le détour).
Sur un titre comme Coléoptère, il pousse sa réflexion au-delà de nos frontières et alerte sans prendre de gants. Quant à Palabres qui clôt ce premier chapitre, elle place l’auditeur face à ses erreurs sans pour autant juger.
Cinq titres, c’est court mais c’est bon et ça donne surtout envie de découvrir le reste. Patience… Ça ne saurait tarder.
Lo Bailly, « Prosaïque », Pias.