Hyphen Hyphen: la fierté chevillée au corps
Ils sont trois, soudés par la même volonté de faire voler en éclat les barrières du patriarcat: le talent d’Hyphen Hyphen explose sur un 3e album absolument réjouissant.
Publié le 23-01-2023 à 08h00 - Mis à jour le 23-01-2023 à 11h08
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/64APRAV7ZRBFRMNVITZ7BPDCII.jpg)
Auréolé d’une Victoire de la musique dans la catégorie "Révélation scène", le trio français (mais qui chante essentiellement en anglais), Hyphen Hyphen avait réussi à confirmer les très bonnes impressions laissées sur scène avec la sortie, il y a quatre ans d’un virevoltant second album, HH.
S’en est suivie une tournée intense puis… Plus rien ! Covid. Terminé, bonsoir: retour à la case départ. "Du coup, on s’est retrouvé chacun chez soi et on s’est mis à écrire mais tout ce qu’on écrivait était vraiment triste, se souvient Line. Ça ne nous ressemblait pas de n’être que tristesse, donc on a mis quelques morceaux de côtés, on en a retravaillé d’autres et on a écrit C’est la vie , comme un pied de nez à ces temps moroses."
La vie est plus facile à trois
Et s’il est né dans un climat de profonde tristesse, C’est la vie permet surtout de célébrer musicalement les moments à vivre ensemble. "Que ce soit dans la vie ou dans la musique, on part du principe que plus ça ira mal, plus il va falloir faire en sorte que ça aille mieux, décortique Santa. La musique garde ce pouvoir de combler les silences malaisants: elle remplit l’espace d’une nouvelle énergie."
C’est la vie parle d’amour – de soi et de l’autre – de rupture, de perte, du fait d’être perdu mais d’avoir toujours quelqu’un sur qui compter pour aller mieux… "On voulait montrer à travers nos textes que tout est question de point de vue. Dans nos paroles parfois, comme dans Don’t Wait for Me, c’est martelé un peu comme de l’autopersuasion: il y a cette volonté d’aller mieux, ensemble et d’avancer quoiqu’il arrive vers la lumière", poursuit Santa.
Clairement militant pour la cause queer, le trio avoue en avoir bavé plus jeune mais s’en être sorti grâce au soutien des uns et des autres. "On a souffert d’être les outsiders, les misfits et à l’école, on s’est trouvé parce qu’on avait décidé de former une bande de “bizarres”, rigole Santa. Ce sont des choses que l’on retrouve sur des morceaux comme Cry Cry." Et comme se souvient Line: "au collège j’ai essayé de me conformer et d’entrer dans un moule: j’étais gay mais je n’y arrivais pas trop, c’était dur ! C’est un album queer voire même “camp” dans le sens où on transforme nos failles en objet pop".
Pour ce troisième album Hyphen Hyphen ne cache pas ses ambitions: toucher un public encore plus large. Et c’est dans cette optique que le trio n’a pas hésité une seconde lorsque l’opportunité s’est présentée de travailler avec le producteur Glen Ballard (qui a produit Alanis Morissette, Katy Perry, Michael Jackson, entre autres). "On a une volonté d’universel mais sans perdre notre identité. C’est un grand paradoxe de vouloir séduire le grand public tout en étant différent ", prévient Santa.
Plus organique dans sa construction, C’est la vie bénéficie aussi de la voix de Santa, chenille devenue papillon, qui explose dorénavant pleinement. "On a ressenti le besoin de revenir à quelque chose de brut, remarque Adam. On a enlevé des couches, on s’est dévoilé. Et on a voulu entourer la voix de Santa du mieux possible. On voulait que rien ne parle au-dessus de la voix, contrairement à ce qu’on a pu faire sur d’autres albums. La voix est un tel vecteur d’émotions: il fallait que tous les éléments qui l’entourent la respectent."
Mais Hyphen Hyphen se savoure surtout sur scène et ça tombe bien puisque le groupe prendra possession de l’AB ce vendredi soir !
"Il va falloir que Coldplay passe le flambeau!"
Coup de chance pour Hyphen Hyphen : il y a quelques mois, bien avant la sortie de l’album, l’organisation de l’Euro féminin tombe sous le charme de Too Young, un hymne à la solidarité qui colle parfaitement à l’idéal du sport. «Si on nous avait proposé d’incarner la Coupe du monde masculine au Quatar, on aurait refusé tant c’est décadent, s’exclament-ils en chœur. On espère que l’avenir du foot sera féminin. C’est un sport qui est en accord avec tout ce que nous défendons.»
Et Line de préciser : «Si j’avais eu la chance de pouvoir voir un match de foot féminin en prime time sur TF1 à 8-9 ans, ça m’aurait un peu aidé à dire que je voulais faire du foot.»
Évidemment, pour le groupe ça a été une opportunité incroyable en termes de visibilité : passage sur TF1, prestation au Stade de France… De quoi donner des idées au trio qui rêve de stades pleins à craquer et d’ambiance de feu. «C’est comme ça qu’on a imaginé notre live. Puis à un moment, il faut un nouveau Coldplay. Donc, Chris (NDLR : Chris Martin, leader de Coldplay) : “il va falloir passer le flambeau!”» (rires).
Hyphen Hyphen, « C’est la vie », Warner – En concert ce vendredi 27/01 à l’AB.