Iggy Pop, l’iguane devenu Phénix
Roi du punk, Iggy Pop a tout fait et parfois n’importe quoi. Mais à 75 ans, il prouve que les bonnes choses ne meurent jamais.
Publié le 13-01-2023 à 08h00 - Mis à jour le 13-01-2023 à 16h51
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À 75 balais, Iggy Pop refuse d’abdiquer. Icône punk avec son groupe The Stooges, il a toujours refusé de se rhabiller quitte à devenir une caricature de son propre personnage. L’iguane rugueux avait pourtant eu tendance, une fois débarrassé de ses démons, à se satisfaire de peu, incarnant plutôt le gentil gecko de salon. Malléable à souhait, acceptant presque tout et n’importe quoi: duos improbables, reprises dans un français très hasardeux de Joe Dassin ou Henri Salvador… Pourtant, le revoici, requinqué et hurlant comme jamais.
Et pour cette renaissance, le Phénix n’a pas hésité à faire appel à un producteur totalement hors de sa zone de confort: Andrew Watt. Si celui-ci a encadré les derniers opus d’Eddie Vedder ( Earthing) et Ozzy Osbourne ( Ordinary Man, en 2019), il est aussi l’homme derrière le Justice de Justin Bieber, le Plastic Heart de Miley Cyrus et plusieurs très bons titres de Post Malone. Un as de la pop un peu catchy qui colle mal avec le profil de l’animal, et alors ? S’il y a bien une chose dont Iggy Pop se moque c’est des conventions et du qu’en-dira-t-on.
Vieux sage hautement lucide
En résulte un album aussi rugueux qu’abordable sur lequel il retrouve une certaine splendeur. Entre l’ouverture rugissante, Frenzy, dont les guitares vous explosent d’emblée les tympans et les paroles vont droit au but, et la ballade Morning Show, dans laquelle il expose les douloureux lendemains de veille ; on a bien compris qu’Iggy Pop se positionne à présent en sage hautement lucide. Se regardant bien en face, avec ses hauts et ses bas, et n’hésitant pas à se moquer de ceux qui voudraient bien avoir été mais ne seront jamais, il ricane gentiment et semble déjà prêt pour le prochain pogo ( Neo Punk, Modern Day Rip Off). Plus rien à prouver mais toujours une furieuse envie de s’amuser pour le vieux bougre.
La dernière de Taylor Hawkins
Et dans sa plaine de jeux, il invite quelques copains comme Dave Navarro, Éric Avery et Chris Chaney du groupe Jane’s Addiction, Mais aussi Chad Smith et Josh Klinghoffer, respectivement batteur et ancien guitariste des Red Hot Chili Peppers ; une nouvelle fois Duff de Guns N’Roses ou encore Stone Gossard, guitariste de Pearl Jam. Par deux fois, sur Comment et Regency, on peut aussi entendre le défunt batteur des Foo Fighters, Taylor Hawkins, frapper sur ses fûts. "Taylor est arrivé avec un style incroyable, expliquait le chanteur à NME au moment de la disparition brutale de Hawkins. J’ai beaucoup de chance d’avoir cette couleur sur le disque."
Loser magnifique, iguane ou Phénix, Iggy Pop est tout à la fois mais certainement pas un papy du rock.
« Every Loser », Warner.