TWClassic 2022: Nick Cave, le boss un an avant le Boss en 2023
Samedi soir, Nick Cave a clôturé de belle manière un TW Classic 2022 version XL. Bruce Springsteen est attendu en 2023.
Publié le 26-06-2022 à 10h24 - Mis à jour le 26-06-2022 à 10h58
Il est 22 h samedi sur la plaine de Werchter et une pluie fine commence à s’abattre. Pas de quoi effrayer le dandy Nick Cave qui a décidé de prendre le public à bras-le-corps dès le premier morceau. L’Australien promène sa grande carcasse en bordure de scène et scande Get Ready for Love. Les ébats musicaux vont durer deux heures devant un public autant conquis par les morceaux énergiques ( There She Goes, My Beautiful World, From Her to Eternity ) que les (brefs) moments de répit ( O Children, Bright Horses, I Need You ).
On n’oublie pas évidemment l’excellent Red Right Hand, sortie en 1994 et devenue le générique de la série Peaky Blinders : "Mon seul tube en 50ans de carrière", plaisante le chanteur à la chevelure de jais, oubliant au passage le triomphe de Where the Wild Roses Grow avec Kylie Minogue, qu’il ne chantera d’ailleurs pas. Durant deux heures, Nick Cave ne cessera de vaciller vers la foule – "Can you feel my heart beat?", hurle-t-il, la main de fans sur sa poitrine – et il fera même partir la pluie. Une prestation XL et le titre de boss de la soirée, pour cette édition du 20anniversaire.
Placebo oublie un peu le public
Auparavant, Placebo – également en partie sous la pluie – n’a pourtant pas démérité. Depuis la sortie de Never Let Me Go en mars dernier, le groupe porté par Brian Molko et Stefan Olsdal vit une véritable résurrection. Ils consacrent d’ailleurs à ce huitième album une part importante de leur set list: Forever Chemicals, Beautiful James, Scene of the Crime…
Les nouveautés s’enchaînent et il faut attendre le dixième morceau pour – enfin, diront certains – entendre Too Many Friends, Slave to the Wage ou Special K, avant de terminer par la reprise de Running Up That Hill (A Deal With God), la chanson hype du moment grâce à la série Stranger Things. Opportuniste, Brian Molko? Pas vraiment, car cette reprise du tube de Kate Bush – parue sur Covers en 2003 – figure déjà dans leur set list depuis un moment. Elle vient ponctuer un concert qui nous laisse un poil sur notre faim: le groupe britannique a livré un set serré, mais a un peu oublié le public.
Ce qui n’a pas été le cas de Tom Yorke, qui a eu lui aussi les honneurs de la grande scène avec son nouveau projet de The Smile, formé l’an dernier avec le multi-instrumentiste Jonny Greenwood et le batteur Tom Skinner. Pull rouge carmin dézingué à la Javel et baskets bleues et blanches aux pieds, Yorke multiplie les prouesses musicales, passe de la guitare au piano, de la basse au synthé, et saute comme un gamin dans de vaines tentatives d’entraîner la foule avec lui.
Sans doute la faute à un répertoire peu connu et trop expérimental pour un public certes passionné de musique, mais qui vient surtout pour entendre des "classiques".Peut-être aurait-il été judicieux de le programmer sous un chapiteau dans une configuration plus intimiste et de laisser The Specials répandre reggae et ska dans la grande plaine?
Choix cornéliens
C’est également un autre problème de cette édition XL, qui a vu s’ajouter à l’affiche des noms comme Florence + the Machine, Zwangere Guy et Intergalactic Lovers suite à l’annulation de Werchter Encore: le menu copieux a forcé le public à faire des choix cornéliens entre les trois scènes, avec un quart d’heure de Specials en hors-d’œuvre de Smile, un début de Intergalactic Lover avant de switcher sur Placebo… Choisir, c’est renoncer. Et parfois, renoncer, c’est cruel.
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