Tears for Fears: des vies cabossées
On n’en finissait plus d’attendre le retour du duo mythique. 18 ans après leur dernier album, Tears for Fears signe un bel album à l’image de ce que sont devenus ses deux membres.
Publié le 24-02-2022 à 17h00
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Un très long cheminement parsemé d'embûches, voilà comment expliquer les 18 années qui séparent Everybody Loves a Happy Ending et The Tipping Point dont on n'osait plus espérer la sortie.
L'ambiance au sein du duo Roland Orzabal et Curt Smith a connu des hauts et des bas et après un rabibochage en 2004 pour l'album Everybody Loves a Happy Ending suivi de plusieurs tournées, il était temps de penser à de nouveaux morceaux mais le management du groupe avait une idée précise derrière la tête: rendre leur musique plus sexy pour un public plus jeune avec un producteur qui avait travaillé avec Adele ou Lana Del Rey. Douze morceaux ont été enregistrés vers 2017, dont un I Love you but I'm Lost assez dansant (qu'on retrouve sur le dernier Best of…) mais cet album ne verra pas le jour: "Je ne l'aimais pas car il ne nous ressemblait pas, cela m'a à nouveau éloigné de Roland et notre manager de l'époque n'a rien fait pour que les choses s'arrangent", confie Curt Smith.
«Ma femme est morte, j’ai fait deux cures de désintox’»

Le duo finit toutefois par se retrouver début 2020: "Nos destins n'ont pas toujours été liés, on avait besoin de grandir spirituellement séparément avant de se retrouver, arrivés à la même maturité. Notre ex-manager rejetait tout, me disait: "Il faut raconter une histoire". Quelle histoire? Ma femme est morte, j'ai fait deux cures de désintox', je veux parler de ça", déclare de son côté Orzabal qui a, en effet, perdu son épouse, emportée par l'alcoolisme en 2017.
Ces déboires sont abordés sur The Tipping Point, qui n'est pas pour autant un album sombre mais aborde tout simplement les choses de la vie sans tomber dans le pathos. Si on peut s'étonner de retrouver No Small Things en ouverture, les caractéristiques propres au duo sont présentes, avec des arrangements soignés mais pas datés, des harmonies vocales de toute beauté, un sens inné de la mélodie avec des titres directs comme Break the Man ou My Demons mais aussi des plages émouvantes à l'image de Please Be Happy ou Rivers of Mercy. On regrettera juste l'absence d'un titre phare comme Shout ou Woman in Chains ont pu l'être en leur temps. Sans atteindre le niveau d'un Seeds of Love, The Tipping Point célèbre dignement le retour d'un grand groupe.
«The Tipping Point», Universal.