Jim Morrison, poète rebelle et éternel
Mort il y a 50 ans, Jim Morrison continue de marquer les esprits par sa poésie, la musique des Doors et sa soif de liberté.
Publié le 03-07-2021 à 06h00
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AGROHGY55NAH5E2U3HYLN7R77Q.jpg)
Des posters dans les chambres adolescentes, des t-shirts un peu élimés sur de frêles épaules… Jim Morrison a beau être mort depuis 50 ans, il reste une icône encore bien vivante auprès de générations qui ne l’ont pourtant jamais connu.
Le journaliste Gorian Delpâture en fait partie, lui qui a découvert la musique des Doors à l'aube de la vingtaine. En 2017, il publie l'Abécédoors, une brique qui traverse l'histoire du groupe et de son leader charismatique. À l'occasion des 50 ans de la disparition de Jim Morrison, 180° éditions en publie une version enrichie.
Mais comment expliquer qu'autant de temps après sa mort, Jim Morrison continue de séduire, surtout les plus jeunes? «Il y a plusieurs raisons à ça, explique Gorian Delpâture. D'abord, le cinéma remet régulièrement au goût du jour la musique des Doors. Ça a commencé avec Francis Ford Coppola et Apocalypse Now, puis il y a eu The Doors, d'Oliver Stone et, tous les dix ans, un film ramène la musique des Doors à l'avant-plan. Puis, Jim Morrison est mort à 27 ans et son image reste à jamais figée. Il était beau, il était jeune et le restera à jamais.»
Mais une belle gueule et une mort trouble, ça ne suffit pas à créer un mythe. Il y a le propos et la musique des Doors aussi. «Jim Morrison écrivait des textes très poétiques et troubles. On est à la fin des années 60 mais pour eux, il n'est pas question de surf ou de fleurs dans les cheveux. Ça parle de la mort, de sexe, d'inquiétudes, de feu, de serpent… Et puis ses textes sont suffisamment énigmatiques pour que tout le monde puisse s'y greffer. The End, par exemple parle de la fin de son amour adolescent mais certains pensent qu'il évoque la mort.»
Et pour la musique c'est la même chose: leur producteur les convaincra d'ajouter très peu d'effet à leur son pour qu'il traverse le temps. Et il verra juste! «La musique des Doors c'est un mélange de blues, de jazz, de flamenco avec le très jeune guitariste Robby Krieger, qui vient de ce milieu et qui a une façon très particulière de pincer ses cordes et en plus il utilisait le bottleneck, comme les musiciens noirs. On a donc un claviériste qui joue les basses de sa main gauche sur un clavier et qui en utilise un autre pour les harmonies avec sa main droite, un batteur fou de jazz et un guitariste qui utilise les artifices du blues pour faire du rock; pas de bassiste sur scène et la voix de Morrison… Ça donne quelque chose de très surprenant et innovant. Et puis ce seront les premiers à utiliser des sons naturels dans leurs chansons comme la pluie, le bruit des moteurs…» Ajoutez à cela l'attitude rebelle et la soif de liberté et vous obtenez un mythe toujours bien vivant.
Gorian Delpâture, «Abécédoors», 180°éditions, 356 p. Podcast «Lettres à Jim Morrison» à écouter tout l’été dans «Le Mug de l’été», de 9h à 10h, sur la page Podcasts de La Première et sur Auvio.