Le trio retrouvé de Nathalie Loriers
Troisième volet d’une lumineuse collaborationentre la pianiste, la saxophoniste néerlandaise Tineke Postma et Nic Thys: un régal.
Publié le 21-05-2021 à 06h00
Ce devait être un unique concert, une carte blanche au Gaume Jazz Festival en 2013, et ce trio est devenu une référence. En 2016, Nathalie Loriers, Tineke Postma et Nic Thys laissent une seconde trace discographique encensée elle aussi. En 2020, la pianiste, la saxophoniste et le contrebassiste se retrouvent à la salle Philharmonique de Liège comme pour l’album précédent.
«J’ai été vraiment séduite par l’expérience précédente d’enregistrer dans une salle avec une telle acoustique. Le son y prend toute sa valeur et porte l’inspiration, tout semble reprendre sa place naturelle dans les dynamiques et les intentions. Le piano sonne et respire comme il se doit d’un instrument d’une si belle facture. Enregistrer en studio avec des casques et une réverb quasi inexistante me paraissait être une aberration. J’adore cette salle, et la ville de Liège avec laquelle j’ai toute une histoire!»
Le Temps Retrouvé est bien dans la lignée du précédent: le trio propose neuf compositions de Nathalie Loriers et, comme sur les deux albums précédents, un standard, cette fois une version de Round Midnight complètement réarrangée par la pianiste. «Cette composition reste un de mes morceaux de chevet. À l'origine, j'ai été séduite par les multiples versions de Herbie Hancock sur ce thème: chaque fois, il renouvelait les harmonisations, tout en gardant un grand respect pour cette mélodie incroyable. Et donc, maintes fois, je me suis amusée à réinventer le parcours harmonique de ce thème jusqu'à cette dernière version qui me surprend elle-même.»
Comme un souffle
Mélodies délicieusement ondoyantes plantées sur des harmonies subtiles traversent l'album de bout en bout en commençant par le titre éponyme à l'atmosphère intime. Jouant sur le nom des vents – Zéphirs, Alizés, Rafales – Tineke Postma ajoute le souffle nécessaire alors que Shanti, synonyme de paix, d'apaisement, résonne comme un hommage à Rik Bevenage, l'ami brugeois disparu, fondateur du label WERF.
Nathalie Loriers se sent aussi inspirée par sa longue expérience avec le Brussels Jazz Orchestra. «Djaane Do est d'une certaine manière inspiré de sensations harmoniques vécues dans mon expérience au sein de BJO lors de la dernière rencontre avec Maria Schneider. Rafales est apparu, après une semaine d'enregistrement de la musique de Pierre Drevet avec le BJO aussi.» Un disque où tout coule de source, naturellement et qui provoque l'envie d'y replonger tant et plus.
«Le Temps Retrouvé», IGLOO records – Le 24/05 au Gaume Jazz de Printemps à Rossignol.