Radios, programmez nos artistes!
Les artistes sont sans travail. Et c’est encore plus dur pour les artistes indépendants. Ils interpellent les programmateurs radio.
Publié le 26-03-2020 à 07h30
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On ne s’inquiète pas trop pour Angèle, Suarez et les quelques autres artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui vivent bien de leur musique. Mais avec tous les lieux culturels à l’arrêt, ce sont des centaines d’autres, indépendants, plus modestes qui se retrouvent sans travail et sans revenus.
C'est pour soutenir ces artistes-là qu'un groupe de professionnels du secteur (tourneurs, managers, labels…) a écrit une lettre ouverte à l'attention des programmateurs radio: «Soutenez les artistes/labels indépendants, programmez-les sur vos radios».
Ces diffusions ramènent des droits d’auteur, de quoi garder (un peu) la tête hors de l’eau. Et plus le titre est diffusé à une heure de grande écoute sur une grosse radio, plus les droits d’auteur (redistribués par la Sabam) sont importants. Donc, la diffusion discrète en pleine nuit, c’est moins bien.
Parmi les signataires, il y a les labels Freaksville, Jaune Orange, Igloo Records, la salle de concert Zik Zak, l’ASBL Court Circuit qui organise des concours pour les talents émergents, le festival Francofaune qui programme des artistes chantant en français, l’association d’artistes FACIR, des managers…
Un vieux combat
Programmer des artistes moins connus, c'est un vieux combat, rappelle Julien Farinella, créateur de l'agence artistique liégeoise art-i. «On n'a jamais vraiment été entendus. Mais en cette période difficile, on espère que ça percutera plus.»
L'idée n'est certainement pas de prendre la place des programmateurs et de faire le forcing, mais bien de lancer un appel à la solidarité. Une radio privée a pour l'instant répondu, se réjouit Ingrid Bezikofer, de l'agence Feral ART, à l'initiative du projet. «On est en train de faire une liste, la plus exhaustive possible des artistes.»
De quoi donner aux radios de la matière pour piocher des titres qui correspondent à leur programmation «mais en étant plus ouvert à la découverte». Elle appelle aussi tous ceux qui ne sont pas représentés par une structure à se manifester…
À l'heure où les artistes s'expriment largement sur les réseaux sociaux et plateformes de diffusion, les radios traditionnelles ont-elles encore tellement de poids? « Oui, ça aide quand même, assure Julien Farinella. On peut y arriver sans, avec seulement internet. Mais on touche des gens qui sont déjà curieux. L'intérêt, c'est de toucher le grand public.»
Parce que, résume-t-il, c'est tout un secteur qui pourrait être impacté: des artistes peu médiatisés attirent peu de monde dans des salles, du coup les programmateurs préfèrent ne pas prendre de risque et continuent à parier sur des artistes connus ou étrangers pour faire le plein. En cassant ce cercle, «tout le monde y gagnerait».