La Grande Sophie se livre en 5 mots
La Grande Sophie se livre comme jamais sur ce nouvel album, «Cet instant». Toujours dans l’instant présent. Rencontre.
Publié le 17-09-2019 à 07h48
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La Grande Sophie, quand elle parle, comme quand elle chante, elle a l'enthousiasme dans la voix et dans les yeux. Cet instant, son nouvel album vient de sortir. Elle nous le raconte en cinq mots-clés.
Temps
«C’est une obsession chez moi. Je crois que jusqu’au bout de ma vie je vais écrire sur le temps. Le temps, j’ai du mal, mais il me fait du bien aussi parce que je n’arrive pas à l’attraper. Je cherche toujours à être dans le présent. Mais je pense que je suis arrivée à un âge où j’ai ressenti le besoin de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur et de faire un constat de tout ce qui m’a marquée. Le temps, ce n’est pas quelque chose qui s’imprègne dans notre esprit. On sait qu’on va tous vieillir, mais on ne sait pas par où ça va arriver. Et un matin vous vous levez et vous voyez un signe sur votre visage. Il y a de tout ça dans cet album.
C’est une chanson d’amour pour l’homme de ma vie. Ça va faire 30 ans qu’on est ensemble.
Textes
«On me parle toujours de mes mélodies. C’est très bienveillant, mais parfois un peu frustrant. Des fois je me dis, en fait on s’en fout de ce que je raconte. Je me suis dit “c’est un signe”. Alors sur cet album, j’ai voulu mettre l’accent sur les textes, sur ma voix, je voulais qu’on comprenne tout.»
Amour
«Nous étions, est une chanson particulière. Je me suis plus livrée que d'habitude. C'est une chanson d'amour pour l'homme de ma vie. Ça va faire 30 ans qu'on est ensemble. J'ai mis trente ans à l'écrire. C'est aussi parler du côté positif du temps. Je dis qu'il ne nous a pas trahis. Il nous a accompagnés, il a préservé tout ça. C'est une chanson positive qui parle du bonheur aussi. On ne parle pas souvent du bonheur dans les chansons. Comment il a réagi? Au début il a été très pudique comme si ça ne l'atteignait pas. Et puis, j'ai joué aux Francofolies de La Rochelle et j'ai terminé par cette chanson. J'ai parlé de lui et ça lui a fait une petite larme quand même.»
Piano
Le piano a été l’élément central de ce disque. Au point qu’on y retrouve un instrumental.
«Je voulais écrire au piano alors que je ne sais pas jouer de piano. Ça a été un challenge. C’est un instrument qui m’attire depuis longtemps. Quand j’étais gamine, que j’ai commencé à faire de la musique, je voulais faire du piano. Au Conservatoire, à 9 ans, on m’a dit que j’étais déjà trop âgée. Mes parents m’ont orientée vers la guitare. C’est vrai que la guitare c’était pratique, je pouvais l’emmener partout. Mais le piano j’ai toujours eu envie d’en acheter un. Je l’ai fait il y a deux ans. C’est un instrument, un meuble, qui prend beaucoup de place. Le matin en vous levant, vous le voyez, il vous appelle, on a envie de mettre ses doigts dessus. Je suis autodidacte. Je pose mes doigts au hasard et après c’est l’imagination qui part. J’ai compris très vite que je ne serai jamais une virtuose. Mais ce qui m’intéresse, c’est la pureté qui peut se dégager quand on ne connaît pas un instrument. On va vers la simplicité, l’instinct. Avec le recul, je peux dire que la perfection, la performance, ce n’est pas ce qui m’attire chez les artistes. J’aime le côté sensible, où il va y avoir des erreurs mais on les assume.»
Algérie
«J’aime bien partir un moment à l’étranger avec l’équipe pour apprendre à se connaître, travailler les morceaux. J’étais habituée à l’Asie. Là, on est partis en Algérie, au mois de mai, pendant les événements, il y avait des manifestations tous les vendredis. On se disait que ça serait peut-être annulé, mais non. Et les gens étaient d’une ferveur… on a fini nos répétitions là-bas. J’ai fait tourner tous les titres. Les gens ont répondu présent, c’était très surprenant. Et très agréable de rencontrer de nouvelles personnes. J’ai rencontré des gens pour qui c’était leur tout premier concert, c’était très émouvant. Beaucoup de jeunes. J’ai rencontré des exilés syriens qui venaient en Algérie pour étudier et qui n’avaient pas encore assisté à un concret, j’ai pu discuter avec eux. La musique, ça a ça de magique, ça rassemble. Même pour les gens qui ne connaissent pas la langue ou qui ne parlaient pas forcément bien français, ça a ce pouvoir de provoquer des émotions. Ça, c’est important.»
La Grande Sophie, «Cet instant», Universal. En concert le 29 novembre à La Madeleine à Bruxelles.