Gauvain Sers persiste et signe
Gauvain Sers garde le cap. Sur «Les oubliés», on pense toujours à Renaud. Mais pas seulement.
Publié le 29-03-2019 à 06h00
Révélé en 2017, Gauvain Sers n'a pas changé son fusil d'épaule. Et tant pis pour ceux que cela énerve (Christine Angot en premier). «J'ai essayé de travailler comme je l'avais fait sur le premier album et de ne pas trop me poser de question, parce que sinon, après, on ne dort plus», a-t-il confié à RTL.
La casquette en velours sur la tête, la gouaille omniprésente, le chanteur de 29 ans sort ce vendredi son deuxième album, Les oubliés.
Un disque composé de quatorze titres et qui commence par la chanson qui lui a donné son nom. Un texte engagé écrit après avoir reçu une lettre d'un instituteur de Ponthoile, dans la Somme, en colère après l'annonce de la fermeture de son école. «J'ai tout de suite eu envie d'ouvrir mon petit carnet et de retirer le capuchon du stylo posé sur la table. Au-delà de son récit personnel, ça me trottait dans la tête depuis un moment. Je voulais écrire sur ce sujet qui m'interpelle tant: la désertification de nos campagnes», indique-t-il. Un sujet qui le préoccupe, lui qui est originaire de Dun-le-Palestel, petit patelin de 1 127 âmes dans la Creuse. Avec ce texte, il préfigure la révolte du mouvement des gilets jaunes, né quelques mois plus tard. Et fustige «cette philosophie qui transforme le pays en centre commercial.»
Gauvain Sers s'en prend aussi aux misogynes, ceux qui ne permettent pas aux femmes de porter ce qu'elles veulent en rue sans avoir l'impression de «devenir un bout de viande» (Excuse moi mon amour); à l'intolérance qui monte et à tous ceux qui «brandissent cette phrase immonde: On n'peut pas accueillir toute la misère du monde» (Au pays des Lumières).
Il dénonce les injustices sociales avec l'histoire de ces étudiantes qui sont obligées de se prostituer pour payer leurs études (L'étudiante). Il livre aussi une série de chansons plus intimistes, sur son amoureuse qui s'habille le matin (Ton jean bleu), sur l'amour de l'écriture (La langue de Prévert), la nostalgie (La boîte à chaussures) ou les fêtes improvisées entre copains, au cours desquelles on n'a pas «les trous en face des yeux» et «on a la confidence facile, l'articulation un peu moins…» (Changement de programme).
Du côté de la réalisation et de l’orchestration, Gauvain s’est entouré de Dominique Blanc-Francard (qui a travaillé avec Françoise Hardy, Jean-Louis Aubert, Stephan Eicher… mais aussi sur les récents albums de reprise de Renaud) et du guitariste Yarold Poupaud, directeur musical de Johnny.
Le duo a amené des cordes et de l’accordéon, ce qui amène plus de densité par rapport au 1er album, qui s’est vendu tout de même à plus de 200 000 exemplaires. Celui-ci est sans doute bien parti pour égaler – voire dépasser – ce chiffre.
Gauvain Sers, «Les oubliés», Universal. En concert le 15 février 2020 à La Madeleine. www.next-step.be; www.ticketmaster.be& www.fnactickets.be