INTERVIEW | Charlie Winston: «La musique est revenue à moi»
«Back to Square One», c’est «retour à la case départ» en français. Et pour Charlie Winston, c’est plutôt le résultat d’un long chemin personnel.
Publié le 10-10-2018 à 06h00
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Pour ce nouvel album Square 1, certains lui ont parlé de retour aux sources. Lui assure qu'il n'a jamais dit ça comme ça, mais qu'il y a un peu de vrai quand même. «Je ne referai jamais le Hobo (son 1er album sorti en 2009, NDLR), parce que j'ai mis sept, huit ans à faire cet album et que j'ai changé entre-temps». C'est que, très vite, quand vous êtes artiste, on vous enferme dans une case, on attend certaines choses de vous. «Ça a été un problème», dit-il sincèrement. «Je me suis beaucoup battu contre ça sur l'album précédent. Cette fois je me suis dit que j'étais moi, avec tout mon vécu et que ce n'était pas la peine d'aller explorer très loin de nouveaux territoires à tout prix. C'est une exploration plus personnelle. Avant, je cherchais quelque chose que je n'avais jamais fait, alors qu'ici j'ai juste voulu jouer et enregistrer des choses que j'avais envie d'entendre.» Une sorte de retour aux sources oui. De libération aussi. «J'ai senti que c'était comme si je n'avais plus rien à prouver…»
Attends demain
Dans la musique, il a mis des sons qu’il aime: de la kora, du tabla, plus de percussions, il a retrouvé l’énergie brute du trio de la fin de sa tournée précédente… Dans les textes, il alterne les thèmes graves, universels ou plus festifs.
Et puis il y a le 8e titre, Until Tomorrow qui restait un peu mystérieux… C'est son histoire de ces dernières années. C'est un peu long, il s'excuse déjà, mais il faut reprendre dès le début pour comprendre: fin 2016, il décide d'arrêter la musique et d'embarquer femme et enfants pour quatre mois au Malawi. Alors que les vaccins et les papiers sont en ordre, les meubles d'ici au garde-meuble, les billets et la maison sur place réservés, jusqu'au taxi pour l'aéroport, il apprend que le mal de dos aigu qu'il traîne depuis un moment est plus sérieux que prévu: interdiction de prendre l'avion, on parle alors même de chirurgie. Le soir même, alors que la famille annule tout et passe la nuit à l'hôtel, on découvre que le petit dernier souffre d'épilepsie. «En une soirée, tout notre monde a changé… Plutôt que d'aller voir les éléphants, on est allés tous les deux à l'hôpital.» Aujourd'hui tout le monde va mieux, et la famille Winston vit dans le sud de la France. «Tu peux attendre que les choses se passent et être une victime. Mais tu peux aussi décider de ta propre vie. C'est ça que dit la chanson: maintenant c'est à moi, ma vie m'appartient.»
Dans cette histoire, le chanteur voit aussi un signe: il avait décidé de quitter la musique, mais «peut-être qu'inconsciemment mon corps me faisait comprendre que ce n'était pas une si bonne idée que ça…» Quelques semaines de repos l'ont ramené à sa guitare: «La musique est revenue à moi. C'est comme ça que Square 1 est né: vous devez aimer la musique, mais elle doit vous aimer aussi, c'est une relation. Certains diront que je complique tout, que je réfléchis trop… je suis comme je suis…»
Charlie Winston, «Square One», Sony. En concert le 4 décembre au Cirque royal à Bruxelles.