«Trip»: un album très personnel
Sept albums en 23 ans, Stéphane Mercier est un musicien rare dans tous les sens du terme: son nouveau disque «Trip» est un petit bijou.
Publié le 09-10-2018 à 06h00
Il a le jazz dans les veines: sept années aux États-Unis entre le renommé Collège de Berklee et New York, puis deux années à Paris avant un retour en Belgique: «C'est le 11 Septembre qui a provoqué mon retour en Europe.»
Depuis, Stéphane Mercier a écrit un livre sur le jazz et a tourné plus de 300 dates avec le spectacle à succès La Boîte de Jazz où il parcourait sur les textes de son père, Jacques Mercier, les grandes étapes de la note bleue.
Un père qui l'a d'ailleurs encouragé dans sa voie: «Mes parents ont tout de suite accepté mon choix de devenir musicien parce qu'ils voyaient le sérieux avec lequel je m'impliquais; moi, je n'étais pas sûr de moi, et leur soutien psychologique a été important.»
Son nouvel album, Trip est l'occasion de réunir des partenaires qui lui sont chers: «Je ne fonctionne qu'avec des affinités, c'est pour ça que je ne sors pas beaucoup d'albums, c'est mon septième depuis 1995. Matthias De Waele, je l'ai rencontré sur un remplacement et on s'est tout de suite apprécié. Peter Hertmans a été mon prof, il m'a insufflé la passion du jazz. Nicola Andrioli, je l'ai rencontré à Paris. Quant à Cédric Raymond, son père a été mon baby-sitter!»
L'album est bien le reflet d'un parcours qui mêle la tradition du jazz à ses racines et le plus bel exemple sur l'album est sans doute cette reprise de Je me suis fait tout petit: «Brassens me rappelle ma famille car chez moi, on sort souvent les guitares pour jouer ensemble. Ce morceau m'a trotté dans la tête et je l'ai arrangé en reggae ce qui tombait très bien avec le saxophone.»
Brassens, le reggae, mais aussi une sonorité de sax très américaine: «La ligne est influencée par Bob Marley, mais il y a aussi des concepts américains comme jouer derrière le temps, on entend ça aussi dans le reggae. Jouer en studio en retenant le son et en le contrôlant, sortir des sons plus voluptueux avec plus d'harmonie, c'est quelque chose qui me vient du label Blue Note.»
Route 166, celle de la maternité pour son dernier né, Noé, For Émilie sont des compositions du saxophoniste qui ont un lien fort avec sa vie de famille: «Pourquoi dissocier ma musique et ma vie? Ça définit aussi qui je suis, ça fait partie du jazz de se libérer. Mais ce n'est pas seulement un album concentré sur ma vie. Avec Noah's Ark et Samsara, j'ai essayé de refléter les interrogations du monde. Noah, c'est une légende mais l'image est forte: il prend sa famille, les animaux, la nature et il sauve la terre. Il y a une modernité dans cette histoire; le microcosme familial donne un peu le modèle de ce qu'on devrait être dans l'humanité, il y a aussi ça dans l'album, c'est sous-entendu.»
Le Quintet de Stéphane Mercier est en concert à Liège à «L’An Vert» le 20 octobre et à Bruxelles au Théâtre 140 le 8 novembre. «Trip», chez Igloo.