Madame rêve d’espoir
Huit ans depuis le dernier album de Karin Clercq. La revoilà avec «La boîte de Pandore». Et ça valait la peine d’attendre.
Publié le 29-09-2018 à 06h00
Huit ans, c'est le cycle d'une relation. «On dit que ça dure huit ans et puis que, soit ça casse, soit ça continue.» Huit ans pour Karin Clercq, c'est le temps de faire un spectacle pour enfants, ou pour les plus grands, d'être une brune incendiaire dans un groupe de filles très rock, de jouer dans des films et des séries. Entre autres.
Le temps de vivre aussi, tout simplement. «Aujourd'hui il y a beaucoup d'albums, beaucoup de musique, beaucoup de choses, je n'avais pas envie de rajouter un énième élément par devoir. Pour moi, il y avait vraiment une envie de m'ancrer dans la réalité actuelle et d'avoir des choses à dire. J'ai aussi passé le cap des 40 ans, j'avais pas mal de ménage à faire et je reviens avec un bel album j'en suis vraiment fière.» Elle peut.
Dans La boîte de Pandore, il y a beaucoup de contrastes, elle aime bien ça. «Parce que dans la vie, il y a toujours plusieurs couleurs». Comme dans J'avance qui ouvre l'album: une musique aérienne, entraînante même, avec un texte qui raconte l'histoire d'une femme qui traverse la mer à la recherche d'une vie meilleure: « Pour avoir moi-même accueilli des gens qui ont fait ce trajet en bateau, c'est à la fois super dur et à la fois plein d'espoir.» Elle se défend de militantisme: porte-drapeau de rien, mais citoyenne: «La musique, c'est mon mode d'expression, mais en toute humilité. Ce sont juste des chansons, je ne fais la leçon à personne, je me la fais déjà à moi-même. Ça reste de la musique, les gens prennent ce qu'ils veulent.» Comme dans Presque une femme qui raconte les conditions de vie d'une jeune fille de la fin du XIXe siècle, qui résonne finalement encore pas mal aujourd'hui.
Les autres chansons sont elles aussi bien ancrées dans notre vie d'aujourd'hui: il y a une jolie histoire d'amour sur la Belgique, un texte qui parle du burn-out, une reprise de Madame Rêve, d'Alain Bashung qui révèle toute sa modernité et sa sensualité une fois chantée par une femme. Exactement comme l'histoire d'Antigone ou les mots d'Alfred de Musset. Et puis, il y a des chansons d'amour, son «fonds de commerce», sourit Karin Clercq.
Avec tout le long le fil rouge de l'espoir qui culmine dans La boîte de Pandore, qui a donné son titre à l'album (voyez le clip, d'une piquante ironie…): «Il nous reste encore l'espoir dans la boîte de Pandore/Il nous reste encore l'espoir que l'Homme s'améliore…» Et c'est déjà ça.
Karin Clercq, «La Boîte de Pandore», Freaksville Records. En concert le 9 octobre au Botanique à Bruxelles pour le festival Francofaune, le 15 décembre au théâtre Jardin passion à Namur et le 18 janvier à la Ferme du Biéreau à LLN.