Yves Duteil: «Une urgence à témoigner»
Le 15e album d’Yves Duteil, «Respect», est sorti début de l’année. Il viendra en chanter prochainement une grosse partie à Liège (octobre) et Huy (février).
Publié le 22-09-2018 à 06h00
La sortie du nouvel album d'Yves Duteil en début d'année (le 12 janvier) est un peu passée inaperçue chez nous. Mais sa tournée passera bientôt chez nous, il est donc venu nous parler de Respect, un quinzième album studio inspiré – en partie – par l'attentat contre Charlie Hebdo et la grande marche qui a suivi à Paris le 11 janvier 2015. Un disque réalisé avec Franck Monbaylet et des musiciens cosmopolites qui est aussi traversé par quelques chansons sur la mémoire des anciens, des proches…
Yves, le point de départ de ce 15e album, c’est la marche après l’attentat contre Charlie Hebdo…
C’est l’un des déclencheurs, mais pas le seul, car j’avais déjà écrit quelques textes avant. Il y avait aussi une envie de me remettre dans la création (NDLR: il a dû mettre sa carrière entre parenthèses en 2013 suite à une opération à cœur ouvert). Tout ça a donné une direction d’écriture. et une forme d’urgence à témoigner.
Mais pas de façon classique…
Non, j’ai voulu le faire de façon différente. Après Charlie, il y a eu une déferlante de témoignages. Ce qui est important, c’est cette diversité de retours sur ce qui s’est passé. Moi, j’ai le sentiment de traverser une période de mutation. Il y a un combat dans tous les domaines: l’environnement, la politique, l’économie, le travail, la presse, la religion, la philosophie… C’est un tel bouleversement qu’on a du mal à le cerner. Mais la chanson devient un moyen extraordinaire pour dire tout ce que l’on ressent.
Quelle chanson avez-vous écrite en premier pour cet album?
Curieusement, c'est À l'abri du meilleur. «Nous aurons beau tout faire pour nous garder du pire, on n'est jamais vraiment à l'abri du meilleur.» Et puis il y a eu un éventail de sujets: l'amour avec Quarante ans plus tard… (NDLR: chanson pour son épouse Noëlle) des portraits de gens importants comme Le passeur de lumière (NDLR: dédiée à son beau-père), Mon petit âne corse (NDLR: portrait chinois de sa fille Martine). Il y a aussi des textes sur les événements eux-mêmes comme Armés d'amour… Globalement, quand on regarde cet album, il est toujours poliico-poétique. Il est en dehors des canons commerciaux de notre époque. Et donc difficile à, placer. Cela a été un laboratoire…
C’est aussi un disque de rencontre, très cosmopolite…
Oui, car sans que cela soit prémédité, cet album est le fruit de rencontres musicales et de voisinage de styles qui, au départ n'avaient pas grand-chose à voir les uns avec les autres. Et c'est aussi le sujet de l'album, à travers des titres comme Respect ou Mohammed, Aïcha…
Vous avez travaillé pour la première fois avec Franck Monbaylet…
Je l'ai rencontré grâce à une chanson de Véronique Sanson, Et je l'appelle encore. Cela a très bien fonctionné entre nous. Il a été le trait d'union entre toutes ces rencontres évoquées plus tôt.
Au point de coécrire «Le passeur de lumière» avec lui…
J’ai toujours envie de me confronter à d’autres écritures. Écrire, c’est sortir des sentiers battus, prendre des risques… C’est aussi un temps de pause, de recul. C’est ce que m’ont appris les philosophies bouddhistes.
Ce côté philosophique, on le retrouve dans votre livre «Et si la clé était ailleurs?», paru l’an dernier.
C’est un livre d’un seul tenant, un parcours plus spirituel. On est le fruit de sa culture de sa tradition, de ses croyances… Ce livre, c’est un peu tout ça. J’essaye de livrer des balises. Cela parle des gens que j’ai rencontrés, des livres que j’ai lus, des rêves que j’ai eus quand j’étais plus jeune. Le tout sans jamais se prendre au sérieux.
Yves Duteil, «Respect», Les Éditions de l’Écritoire. En vente (dédicacé) sur son blog: http://blog.yvesduteil.com/blog. En concert le 28/10 au Forum de Liège et le 09/02/19 au centre culturel de Huy.