INTERVIEW | Les feuilles mortes de José van Dam
À 77 ans, José van Dam chante encore. Mais le maître de musique «s’amuse» et s’attaque, cette fois, à la grande chanson française.
- Publié le 14-05-2018 à 06h07
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José van Dam, après le tango de Carlos Gardel, la chanson française avec Gainsbourg, Becaud ou encore Trenet. Pourquoi?
En 2012, avec deux musiciens extraordinaires, Jean-Louis Rassinfosse et Jean-Philippe Collard-Neven, nous avions proposé une série de concerts autour du tango de Carlos Gardel. Ça avait très bien marché et un CD avait suivi. Les gens nous ont alors demandé pourquoi on ne faisait pas un autre disque et nous nous sommes dits pourquoi pas? J’avais envie de reprendre des chansons de ma jeunesse, américaines ou françaises. Nous avons hésité puis finalement nous avons préféré la bonne chanson française. Le choix a été difficile. Nous avons eu beaucoup de chance parce que Radio France a voulu être producteur et distributeur du CD et a mis à notre disposition un studio extraordinaire.
«Chansons d’automne», on est dans la mélancolie là?
Ça s'est presque imposé. C'est un peu mon caractère aussi. À part Le jazz et la java qui est plus gaie, les autres titres sont surtout des chansons d'amour. Vous savez pour moi dans la vie, deux choses sont nécessaires pour affronter les difficultés: l'amour et l'humour.
On chante différemment du classique et de la variété?
Je me suis rendu compte que la grande différence entre les deux tient à la liberté laissée au chanteur. En musique classique, on est obligé de respecter chaque note écrite par le compositeur. Dans la variété, on peut choisir un rythme, insister sur un mot, se donner une plus grande liberté. Jean-Louis à la contrebasse et Jean-Philippe au piano ont aussi parfois imposé un style un peu différent à certaines chansons auxquelles ils ont ainsi donné un souffle nouveau.
Cette fois la scène va suivre le CD?
Normalement nous devions d’abord faire une série de concerts à la fin de l’année dernière, avant la sortie du disque. Mais j’ai été victime d’un accident de voiture en décembre et nous avons dû retarder la scène. Nous nous lançons fin mai. La scène pour moi c’est important. C’est face au public qu’on fait le plus de progrès. Il y a une tension, une chaleur, c’est magique. L’enregistrement en studio c’est différent. Mais c’est exactement la même chose en musique classique. Un récital enregistré en live c’est autre chose…
Le Reine Élisabeth, session chant se termine, que pensez-vous du «renouveau» des jeunes chanteurs belges?
Quand on a commencé à évoquer la suppression de l’épreuve de composition du concours, j’ai proposé à Gérard Mortier et Jean-Pierre de Launoit de créer une session réservée au chant. Ce qu’on a fait en 1988. Je n’ai jamais oublié qu’à vingt ans, j’ai dû quitter la Belgique pour Paris. C’était la seule façon de percer dans le milieu. Le concours donne aux jeunes chanteurs belges l’occasion de se faire connaître mais aussi de se confronter aux candidats étrangers. Depuis 1988, une vingtaine de Belges sont ainsi arrivés en finale, se sont fait connaître et ont créé une émulation. On voit le résultat.
Le tango, la chanson française vous avez encore un rêve?
Non (rires). Ces deux CD, c’était une récréation. J’ai chanté pendant 50 ans des choses sérieuses. J’adore le jazz et la chanson, ça m’a amusé. Je ne vois pas ce que je pourrais faire d’autre. Chanter Louis Armstrong peut-être…