Ozark Henry interroge l’humanité
Ozark Henry revient à des ambiances électroniques plus épurées pour laisser plus de place au message «plus conscient».
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Publié le 03-04-2017 à 06h00
On l'avait laissé entouré des 90 musiciens de l'Orchestre national pour Paramount, un album entre grande musique et haute technologie.
Ozark Henry a décidé cette fois de mettre sa voix en valeur, pour faire passer un message. Il est question de migrations et d’humanité. Il se pose en témoin d’une époque, la nôtre, pas pour donner des leçons, mais pour (s’)interroger.
Nous, humains
Le titre de l'album, Us, «Nous»: c'est l'humanité, dit-il. «Et l'humanité, ça veut dire une société où tout le monde est inclu. Moi je vis tout près de la jungle de Calais. Et c'est certain, eux, ne sont pas inclus. Après les attentats de Paris, la réaction a été de bombarder une ville en Syrie. On est quand même très loin de l'humanité… Comment est-ce possible que de jeunes Belges aient commis des actes horribles comme des attentats? Ce sont nos enfants. Comment nos enfants peuvent-ils faire ça? La solution n'est pas de dire que c'est une génération perdue et qu'on ne peut rien y faire. On est responsable du fait que tout le monde se sente inclu dans l'humanité.»
Ne pas brusquer
Ce n'est pas la première fois qu'Ozark Henry fait passer des messages. Avec Godspeed, par exemple, il disait sa déception par rapport à l'incapacité de prendre des décisions pour stopper les changements climatiques. C'était en 2006.
Cette fois, il a voulu un album aux sons plus électroniques pour «laisser plus de place à la voix. C'était important de comprendre les textes du premier coup, d'écouter une fois et de pouvoir comprendre chaque mot. Si ce n'est pas le cas, c'est ridicule que j'essaie de communiquer quelque chose. Je me sentais plus conscient et plus responsable qu'avant je ne sais pas pourquoi.» Mais il s'est aussi posé beaucoup de questions: «Je me suis demandé si on avait bien compris et surtout si c'était bien nuancé. Je ne voudrais pas brusquer, provoquer, parce que c'est trop facile.»
La musique pour espoir
La musique d'Ozark Henry reste lumineuse, pourtant. L'artiste est ambassadeur de bonne volonté pour l'ONU contre la traite des êtres humains. Lors d'un de ses voyages en Gambie et au Sénégal l'an dernier, il a eu l'occasion d'échanger avec des musiciens. «Ils me disaient, "Ta musique est sérieuse, c'est sombre!", Je répondais que c'est connecté avec le contenu. Et puis, ils ont joué un morceau sur lequel tout le monde dansait, c'était une vraie fête. Et pourtant, ils m'ont traduit les paroles et ça parlait d'une des pages les plus sombres de leur histoire. Ils ont dit: " La musique pour nous, représente toujours l'espoir. " Je me suis dit que s'il y avait vraiment quelque chose que je devais retenir de ça, c'était le fait d'avoir ce côté africain dans l'album: l'espoir.»
Ozark Henry, «Us», Sony. En concert le 29 avril à l’Ancienne Belgique.