Thomas Fersen et les animaux fantastiques
Thomas Fersen nous emmène pour un dixième voyage musical dans un monde délicieusement plein de poésie.
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Publié le 30-01-2017 à 07h01
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Les chansons de Thomas Fesrsen, c'est un peu comme les films de Pixar, c'est coloré, rigolo, ça amuse les enfants. Mais les adultes y trouvent une autre lecture. «C'est ce que j'aime, les choses derrière les choses, sourit-il. Les sens sont toujours cachés, il faut toujours gratter sinon, on reste superficiel. Il y a des gens qui se contentent de ça, mais pas moi.»
À commencer par Un coup de queue de vache, le titre, un brin intrigant qui ouvre l'album et lui donne son titre. À première vue, l'histoire d'un coq de ferme mélomane qui a perdu de son panache après un coup de queue de vache. «Si on gratte un peu, on peut voir que le coq c'est le chanteur, donc que c'est moi. Je parle de moi, je dis que j'ai pris un coup de queue de vache, que c'est pas facile. Après, on peut aussi voir que le coq, c'est le symbole national en France, que le pays a pris un coup de queue de vache.»
Bestiaire fantastique
Pour son album précédent, il était allé explorer les sixties, un peu à la Nino Ferrer. Mais pour ce dixième volume, il rouvre son bestiaire. On y croise des animaux fantastiques, poétiques, bien plus humains qu'ils n'y paraissent. Son imagerie classique dit-il. Et il s'étonne, finalement, d'être singulier. Parce qu'au fond, le roman de Renart et les contes font ça depuis mille ans, fait-il remarquer. «Si on s'arrête à cette imagerie, on reste un peu à la porte. Ce sont des métaphores pour raconter des choses, des outils. C'est comme si on me disait "Mais vous écrivez toujours avec un stylo!" Mais oui, c'est un outil. Comment faire autrement? Comment raconter des histoires sans imagerie dans des formats si courts que des chansons. On a besoin d'imagerie que ça soit la mort, ou les objets ou la gastronomie ou les prénoms de femmes, les animaux… C'est incontournable.»
Un créateur d’images
Thomas Fersen se décrit comme un «créateur d'images». «C'est d'ailleurs aussi ce qui plaît aux enfants, ils peuvent visualiser mon histoire. Je ne suis pas du tout dans l'abstraction qui est d'ailleurs dominante dans les paroles de chansons aujourd'hui. Les gens font des textes abstraits qui parlent des états d'âmes… Moi je suis dans un fil narratif extrêmement classique.»
Dans ce disque, il a aussi écrit une vraie chanson d'amour. Peut-être bien la première, finalement, Les petits sabots. Celle d'ailleurs qui a été à l'origine du disque. Elle raconte l'histoire d'une petite fille qui se réfugie dans un buisson. «La petite fille, c'est moi. Dans ce buisson, elle se crée son paradis perdu. Elle préfère ça aux jeux avec les autres enfants. Ce paradis perdu, elle le retrouve en embrassant un garçon plus tard. Elle revoit d'un seul coup son bois et son buisson. Si ça, c'est pas une chanson sur l'amour… C'est le paradis perdu qu'on retrouve et qui nous transcende, qui fait qu'on abandonnerait tout pour revivre ça.»
Pour la musique, le chanteur s'est entouré d'un quatuor à cordes. Un «cahier des charges» imposé à son arrangeur Joseph Racaille. Qui s'est empressé de le «désembourgeoiser» en lui ajoutant un cinquième élément perturbateur: un instrument «plus populaire», dont la palette s'étale de la guimbarde au ukulélé, en passant par le banjo, la guitare ou la mandoline. La classe!
«Un coup de queue de vache», Éditions Bucéphale. En concert le 26 avril à l’Ancienne Belgique, à Bruxelles.