Le prix de la liberté
Pour ses neuf premiers albums, Thomas Fesren a été fidèle à son label Tôt ou tard. Mais il a été poussé vers la sortie. Non pas par son équipe, mais par le modèle industriel qui a changé, dit-il.
Publié le 30-01-2017 à 05h00
«Le modèle dans l’industrie maintenant, c’est le streaming. Des ados qui cliquent 40 fois sur un titre, ça, ça fait du volume, ça fait du chiffre. C’est pas que vous soyez ringard, mais le modèle industriel c’est ça. Je ne vais pas réfléchir à comment faire pour plaire à des gamins, je n’ai pas envie de m’aliéner. Donc, c’est non. J’ai dit ça ne m’intéresse plus, adieu. J’écris pour le spectacle vivant, c’est ma règle, je prends quelqu’un quelque part et je l’emmène ailleurs avec moi. Un disque est un tout qui peut faire ça aussi, quand on l’écoute chez soi, mais ce n’est plus le modèle industriel. Tant pis.»
Maintenant, il est indépendant. Il n'a pas changé sa façon de travailler. Ou plutôt si: «Je suis encore plus libre.»
Mais cette liberté a une contrepartie et transforme le créatif en industriel. De «répondre aux mails» à «trouver une solution pour le prix de gros au Québec», il fait tout, tout seul. Pas la meilleure partie du boulot, mais il ne s'en plaint pas: « C'est le prix de ma liberté», dit-il simplement.
Champignon, le mot rebelle
Et dans la liberté, il y a le choix de mots. Pas si anecdotique que ça. «Vous ne pouvez pas dire «champignon» quand vous êtes Johnny Hallyday, c'est pas possible. Moi, je l'ai mis dans la chanson du coq parce que, je suis désolé, cette étroitesse de la chanson, ben démerdez-vous avec vos problèmes, ça m'intéresse plus. Je veux pouvoir dire «champignon», sans me préoccuper du reste. On ne peut plus rien dire! Du coup tout le monde fait la même chose, c'est étroit. Plus ça va et plus c'est comme ça. On ne peut plus rien raconter, donc on sort de l'industrie, on fait ce qu'on a envie de faire.»