"Les fantômes de Kiev", une guerre secrète glaçante de réalisme
Cédric Bannel signe un roman d’espionnage hyperréaliste où il s’agit de déjouer les plans meurtriers de Poutine.
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- Publié le 28-07-2023 à 18h00
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L’idée est diabolique: Poutine a détourné des missiles livrés à l’Ukraine par la France et veut les retourner contre elle pour la punir de son soutien à l’Ukraine. L’espion Edgar Van Scana est chargé de récupérer l’armement pour empêcher le carnage. Une enquête haletante entre la France, l’Ukraine, la Roumanie et les sous-sols du Kremlin. Ceci est une fiction. Et elle est glaçante de réalisme.
Les Fantômes de Kiev est le 8e roman de Cédric Bannel. Il est particulièrement fier de ce livre qui continue les aventures de son espion français Van Scana et qui ouvre un nouveau cycle, "plus mature", après deux autres cycles de dix ans chacun dont le dernier en Afghanistan.
Quel est le point de départ de ce livre ?
Je trouve intéressant quand un livre est situé dans l’actualité. J’ai écrit quatre livres qui se passent en Afghanistan, où on voyait la progression des Talibans. Le dernier annonçait trois mois avant la chute de Kaboul. Ce sont des fictions mais qui se passent dans le monde réel.
Mais en général, les auteurs veulent que leurs livres soient intemporels. Comment faire pour que la fiction ne soit pas dépassée par la réalité ?
Il ne faut pas trop se tromper ! (rire) En Afghanistan, l’opposition entre les pro-occidentaux et les anti-occidentaux ne pouvait qu’aboutir à l’effondrement du régime. En Ukraine, l’idée n’est pas de prendre parti, mais de raconter la résilience extraordinaire des Ukrainiens, leur volonté de se battre pour leur pays…
Et puis, ce n’est pas un livre sur la guerre en Ukraine…
Non, mais un livre qui se passe pendant la guerre. C’est la grande Histoire vue par la petite. Dans mon livre les Ukrainiens ne sont pas tous gentils et les Russes, pas tous méchants, même si l’agresseur est bien nommé. Ce n’est pas à un auteur de romans policier de prendre parti.
Il y a des scènes particulièrement réalistes. Vous êtes allé sur place ?
Oui, en octobre. Je ne suis pas allé en zone contrôlée par les Russes, ce n’est pas possible mais j’ai vu l’ambiance de l’autre côté de la frontière. Je suis allé dans les zones libérées, j’ai pu rencontrer les gens.
Des fois, dans ce mélange de réalisme et de fiction, on ne sait plus ce qui est vrai ou pas…
C’est ça qui est amusant. Il y a beaucoup de choses vraies et beaucoup de fiction. Et je suis le seul à savoir. Ca permet de perdre un peu le lecteur.
Il y a beaucoup de personnages secondaires féminins. Dont Kateryna, la femme d’un informateur suicidé. C’est peut-être même bien elle la vraie héroïne de cette histoire…
Kateryna a changé au fil du livre. Je pars toujours sans un véritable scénario, mais j’ai senti qu’il y avait un potentiel. Elle accompagne Edgar et elle le fait un peu sans raison. Elle n’est pas policière, pas militaire, mais elle décide d’aller jusqu’au bout des choses. Sans elle, il n’y a pas d’histoire. J’ai hésité beaucoup sur le sort à lui réserver. Je l’aime bien, enfin, j’ai appris à l’aimer.
Votre héros, Edgar Van Scana, quelles ont ses failles ? Parce que là, il pourrait rejoindre les Avengers…
C’est plutôt dans le livre précédent, quand il est en Afghanistan, il a du mal à suivre le rythme de la marche à cause de son genou. C’est plus présent là le fait qu’il n’est pas un super-héros. Ca va évoluer, je vais distiller ça dans les prochains. Il va souffrir. Sa force, c’est qu’il est un bon combattant, mais surtout qu’il est libre. Il est indiscipliné, il ne fait pas ce qu’on lui dit de faire. Et s’il avait obéi aux ordres, il n’aurait pas réussi sa mission. Mais il faudra un moment que ça lui porte préjudice de ne pas faire ce qu’il doit faire.
Cédric Bannel, "Les fantômes de Kiev", XO Éditions, 505p.