"Hollywoodland": l'autre histoire d'Hollywood par Zidrou et Maltaite
Alors que l’iconique enseigne du mont Lee fête ses 100 ans, Zidrou et Maltaite malmènent Hollywood en usant d’un humour cynique pour raconter son histoire cachée.
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- Publié le 22-07-2023 à 18h00
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C’est en juillet 1923 qu’ont été hissées et installées, sur le mont Lee, un des sommets des monts Santa Monica, les lettres qui allaient contribuer à faire d’Hollywood la machine à rêves que l’on connaît… et qui étaient initialement destinées à assurer la promotion d’un projet immobilier.
Un anniversaire que Zidrou et Éric Maltaite ont voulu célébrer à leur façon en imaginant une série humoristique – Hollywoodland – venue raconter la vie des petites mains qui ont, elles aussi, façonné son histoire. Et si le premier tome, sorti en octobre dernier, se situait à la fin des années 40, sa suite, sortie début de ce mois, relate pour sa part les années 50, soit la fin de son "âge d’or". "Quand on imagine le Hollywood de cette époque, sourit Éric Maltaite, on a des étoiles dans les yeux. Et c’est vrai qu’on se trouvait dans l’immédiat après-guerre, une période lors de laquelle soufflait un vent d’optimisme. La réalité qui se cachait derrière l’industrie cinématographique d’alors était pourtant loin d’être idyllique. Mais, pour ceux qui en vivaient, il ne fallait surtout pas qu’on sache comment elle fonctionnait vraiment."
Usant de cet humour cynique qu’on lui connaît, Zidrou a, lui, mis le nez dans le moteur. Et écrit huit historiettes supplémentaires, venues s’ajouter aux neuf du premier album, pour évoquer ces destins et métiers obscurs qui ont participé, eux aussi, à la grande aventure hollywoodienne.
American gigolo
À l’actrice prête à tout pour percer, à la couturière sans papiers ou au réfugié vendeur de hot-dogs du premier volet viennent se superposer les trajectoires d’un beau gosse devenu gigolo quand il se voyait comme le nouveau Robert Mitchum, un cireur de chaussures (de stars) ou un dessinateur chargé d’imaginer et esquisser les affiches de films placées au fronton des cinémas de Los Angeles.
"Ce qui nous intéressait, raconte Maltaite, c’était ce qui se trouvait de l’autre côté de la caméra, tous ces destins modestes et méconnus. Alors, bien sûr, rien n’est authentiquement vrai, mais tout est romancé à partir d’événements qui ont eu lieu. Et en tant que dessinateur, le principe de ces histoires courtes est assez réjouissant."
Deux albums en forme de plaisir coupable, d’autant qu’on est ici au sein de l’écurie Fluide glacial, donc portés par un ton volontiers grivois qui ne convient pas à toutes les sensibilités. Il n’y en aura toutefois pas de troisième: "On aurait pu, souligne toutefois Maltaite. On a même envisagé un album sur Bollywood, cette fois. Mais on a finalement estimé qu’on avait fait le tour de la question." À la place, le duo travaille déjà sur une autre série, et un tout autre sujet: le… tourisme de masse. Et les deux gaillards, qui vivent à l’année en Espagne, savent de quoi il retourne: "On va régler nos comptes avec les touristes, plaisante (à moitié) le dessinateur. Parce que le tourisme, on en profite autant qu’on le subit !"
"Hollywoodland", tome 2, Maltaite/Zidrou, Fluide Glacial, 56 p., 13.90 €.