Simenon en BD, ça ne fait que commencer

Avec le soutien de son fils John, le duo Bocquet-Fromental adapte Simenon en bande dessinée. Deux albums sont prévus avant l’été.

"Le passager du Polarlys", Dargaud, 2023
"Le passager du Polarlys", Dargaud, 2023 ©Dargaud

DARGAUD | "Le passager du Polarlys",Bocquet/Cailleaux/Simenon, 80 p., 20.50 €.

"Le passager du Polarlys", Dargaud, 2023
"Le passager du Polarlys", Dargaud, 2023 ©Dargaud

Pour le cinéma, la radio ou la télévision, la prose de Georges Simenon a fait l’objet de multiples adaptations, avec une prédilection pour ses «séries», Maigret (75 romans et 28 nouvelles) en tête. C’est nettement moins vrai en bande dessinée, un médium que ne réprouvait pourtant pas l’auteur.

«Mes premiers souvenirs de bandes dessinées remontent à quand j’avais 8 et 12 ans, raconte son fils, John Simenon. Tous les dimanches matin, il nous conduisait, ma sœur et moi, chez le marchand de journaux de la gare de Lausanne, que nous dévalisions de toutes ses BD : Tintin, bien sûr, mais aussi Spirou, Pilote, Mickey, Picsou et des titres d’origine américaine, des westerns surtout

John Simenon, le fils du romancier, a aujourd'hui 74 ans
John Simenon, le fils du romancier, a aujourd'hui 74 ans ©Dargaud

Actif dans l’audiovisuel, et aussi rigoureux qu’exigeant, John Simenon n’avait néanmoins pas encore trouvé, un bon demi-siècle plus tard (il a 74 ans), le bon moyen – ou les bons auteurs – pour y glisser lui-même les mots de son père. Jusqu’à une lecture : De l’autre côté de la frontière de Jean-Luc Fromental et Philippe Berthet, et ce qu’il estime être un «hommage sincère» à Simenon. «J’ai, reprend-il, aussitôt appelé Jean-Luc, que je ne connaissais pas, et j’ai découvert son enthousiasme pour l’œuvre de mon père et sa complicité avec un ami de longue date que j’avais perdu de vue, José-Louis Bocquet.»

Très logiquement, c’est à ces deux-là qu’il a confié son projet, lequel s’est rapidement construit autour de ce qu’on appelle les «romans durs» de Simenon. Des ouvrages dont l’écriture l’éprouvait : «Il en sortait vide et épuisé, relate John. Ce terme de “dur” convient aussi parfaitement au style de l’écrivain, précis et tranchant, ainsi qu’aux atmosphères des romans et à la vérité qu’il y peint : celle d’une humanité nue et dépouillée, que des circonstances poussent à aller au-delà d’elle-même

La collection comptera a minima huit adaptations, dont la première, Le passager du Polarlys, est en librairie depuis quelques jours. Il s’agit du premier «roman dur» de Simenon, écrit à 27 ans, et avec pour cadre un navire sur lequel il a réellement voyagé, et où il conviendra, pour son commandant, de résoudre un meurtre commis… à plusieurs milliers de kilomètres.

Une belle réussite, que l’on doit aussi au dessin, tirant toujours élégamment vers la ligne claire, de Christian Cailleaux. Et qui sera suivie, dès le mois d’août, par une autre belle promesse : la transposition, par Jean-Luc Fromental et… Bernard Yslaire, de La neige était sale, le grand roman existentialiste de Simenon. L’été sera beau.

"La neige était sale", Dargaud, 2023
"La neige était sale", Dargaud, 2023 ©Dargaud
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