Simenon adapté, Panaccione, Le Grizzli, etc. : nos 11 coups de cœur (ou de griffe) BD du jeudi 25 mai 2023
Le jeudi, c’est le jour de notre sélection bande dessinée. Avec, cette fois un thriller des deux côtés du Mur de Berlin, une adaptation de Greg Panaccione et comme un air de “Tontons Flingueur”. Entre autres plaisirs. Bonnes lectures. Des chroniques à retrouver, aussi, dans La Librairie de L’Avenir, bien sûr.
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Publié le 25-05-2023 à 12h00
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1. Le passager du Polarlys
Les mots de l’éditeur

Février 1930. Dans un atelier d’artiste de Montparnasse, une jeune femme est retrouvée morte. Surdose de morphine. Elle s’appelait Marie Baron.
Quelques jours plus tard, le cargo mixte Polarlys quitte le port de Hambourg pour l’extrême nord de la Norvège. Voyage de routine, destiné à approvisionner les ports qui jalonnent la côte. Quel rapport entre ces deux événements, distants de plusieurs milliers de kilomètres ? A priori, aucun.
Mais pour le capitaine Petersen, cette traversée ne sera pas comme les autres. Car il a de bonnes raisons de penser que le responsable de la mort de Marie se cache à bord de son navire.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : ÉLÉGANT
Une transposition fidèle du premier “roman dur” écrit par Simenon quand il n’avait que 27 ans, magnifié par le dessin classieux, qui tire toujours élégamment vers la ligne claire, de Christian Cailleaux. Un travail que l’on doit autant à la rigueur de Bocquet au scénario qu’à l’exigence de John Simenon, le fils de l’écrivain, qui supervise cette nouvelle collection avec aussi ce vieux briscard de Jean-Luc Fromental.
DARGAUD | Bocquet/Cailleaux/Simenon, 80 p., 20.50 €.
2. De l’autre côté du mur
Les mots de l’éditeur

1961. Conrad vit de contrebande dans toute l’Europe au mépris du rideau de fer. Julius est un passeur et fait de fréquents allers-retours entre Berlin-Est et BerlinOuest. Ludwig a quitté l’Est le premier jour qui a suivi l’édification du mur… puis il est revenu… puis il est reparti. Quant à Hanna, elle passe elle aussi d’Est en Ouest comme bon lui semble, empruntant des déguisements et des faux papiers de plus en plus audacieux.
Alors que les autorités renforcent les dispositifs de défense du mur, les quatre “passe-murailles” solitaires sont réunis pour une mission bien précise : organiser une évasion d’envergure d’habitants de Berlin-Est.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : ÉCHEVELÉ
Dans le Berlin de 1961, des agents de l’Ouest recrutent des citoyens doués pour franchir le Mur. Le but ? Organiser une grande évasion. Vraiment ?
Un thriller mené tambour battant, qui fait penser à La grande évasion et adresse au passage un clin d’œil au Vent de la liberté.
GRAND ANGLE | Toussaint/Josse, 64 p., 16.90 €.
3. Naufrageurs
Les mots de l’éditeur

Greenway, Angleterre, 14 octobre 1704. Les habitants scrutent la mer, un navire a été aperçu, luttant contre la tempête. Jim atteint l’âge d’être initié contre son gré aux activités nocturnes des adultes de son village : pour améliorer leur quotidien misérable, ils allument des feux qui amènent les navires à se fracasser sur la falaise accidentée. Le Meredith les a vus, et il approche.
Pour Greenway, c’est le navire de trop ! À son bord, un mystérieux passager, attendu par un Lord et porteur d’un fabuleux trésor.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : SALÉ
Au bas de cette falaise, un village prospère grâce à un travail nocturne peu catholique : on coule et on pille les bateaux. Mais il fallait bien que la malédiction change de camp.
Un récit mortel, dans le fond comme la forme, enlevée et inspirée. On en garde l’eau de mer à la bouche.
DANIEL MAGHEN | Rodolphe/Gnoni, 72 p., 16.50 €.
4. La petite lumière
Les mots de l’éditeur

“Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant”. Le récit d’Antonio Moresco met en scène un homme vieillissant qui a décidé de s’extraire du monde. Mais chaque soir, une petite lumière perce sa solitude…
Grégory Panaccione démontre une fois encore son étonnante capacité à exprimer graphiquement une écriture, la plus singulière soit-elle.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : ALLÉGORIE
On est décidément fan de Panaccione (Quelqu’un à qui parler). Dans une adaptation d’Antonio Moresco, il isole un vieillard dans un hameau déserté de tout habitant et seulement dérangé, le soir, par une lumière venue de la colline d’en face.
Une magnifique allégorie sur la mort.
DELCOURT | Panaccione, 248 p., 27.95 €.
5. Les horizons amers
Les mots de l’éditeur

Il s’appelait Matthew Flinders. Jeune officier de la Royal Navy, il avait une mission et un but : cartographier l’Australie naissante et prouver qu’il s’agissait bien d’une île ! Il quitta Portsmouth à bord de l’Investigator, persuadé de la justesse de son intuition. Hélas pour lui, les Français avaient lancé une expédition semblable, avec deux navires (Le Géographe et Le Naturaliste), sous les ordres d’un certain Nicolas Baudin, un personnage intrigant… Allaient-ils se rencontrer, se parler, s’affronter ? Et qui gagnerait au final cette “bataille” consistant à faire pour la première fois le tour de la Terra Australis Incognita ? Parti d’Angleterre en juillet 1801, Matthew Flinders n’y revint qu’en octobre 1810.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : DOCUMENTÉ (mais…)
Décidément passionné par l’Australie, Bollée (Terra Australis) brosse le portrait de son cartographe historique, Matthew Flinders, dans un épais roman graphique vachement documenté, mais peut-être un peu sage… et peu lisible en raison de la petitesse de son lettrage. Myopes s’abstenir.
ROBINSON | Bollée/Guglielmo, 160 p., 25 €.
6. Deviens quelqu’un !
Les mots de l’éditeur

Depuis qu’il a fini ses études deux décennies plus tôt, Daniel, auteur de BD, a peu de livres publiés à son actif – et ce n’est pas son nouveau projet d’écriture sur “l’instauration des règles de la lutte gréco-romaine au 19e siècle” qui risque de lui ouvrir les portes du succès. Difficile de ne pas se comparer à ses ex-camarades de promo dont la carrière a explosé et qui ne se privent pas de s’en vanter sur les réseaux sociaux.
C’est en traînant sur Facebook, justement – au lieu de travailler –, qu’il apprend que son école d’art organise une soirée pour présenter les travaux des anciens élèves avant qu’ils ne deviennent célèbres… Tout le monde y sera, sauf lui qu’on a “oublié” d’inviter.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : OVNI
Une autofiction collégiale (quelques guests de premier choix en renfort), une définition par la sueur et les doutes du métier, précaire, de bédéaste. Intéressant et original dans la forme. Dommage que l’auteur s’éparpille. Un OVNI dans lequel on embarque à moitié…
SARBACANE | Blancou, 188 p., 25 €.
7. Le Roi Louve (T.2)
Les mots de l’éditeur

Dans un monde où les jeunes loups peuvent changer de sexe avant de choisir leur identité définitive, Petigré, héritier du trône, a décidé de rester louve. Une décision qu’elle a assortie, par soif d’aventure, d’une chasse au trésor avec une bande composée de Rum, son amoureux humain, du Tometeux, un lutin facétieux et d’un Sanzame, un zombie dévoué.
Poursuivi·e par les sbires de Kourgane, qui veut lui ravir le trône, Petigré va se trouver piégé·e lors d’une terrible avalanche, puis dans un mystérieux domaine caché au cœur de la montagne…
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : RÉINVENTION
Humains et loups ne sont plus très loin de se faire la guerre – et alors que l’héritière (ou héritier) des seconds poursuit sa fugue – dans cette série d’aventure qui parvient à réinventer la fantasy de façon grand public, avec du sang, des complots, des zombies et, bien sûr, de l’amour. On adore.
DUPUIS | Adriàn/Alibert/Lapière, 56 p., 15.50 €.
8. Otzi
Les mots de l’éditeur

En 1991, à la frontière entre Alpes italiennes et autrichiennes, un couple de randonneurs découvre le corps d’un homme momifié, bientôt baptisé Ötzi. Une découverte qui soulève bien des questions : Qui est-il ? À quoi avait ressemblé sa vie ?
Pas facile de le dire… d’autant que l’homme en question est mort il y a plus de 5 000 ans, à la fin du Néolithique. Heureusement pour les chercheurs, l’ancêtre a passé toutes ces années enfoui sous la glace et en est sorti sacrément bien conservé, malgré son âge avancé !
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : FREESTYLE
Hibernatus ne se réveillera pas et ne racontera pas sa vie. Momifié par le gel, l’homme néolithique Otzi, qui vécut il y a 5000 ans, a cela dit laissé des indices sur son corps.
Sur ses bases scientifiques, Colocho tisse la fiction, la grande aventure. Son trait cartoon intrépide se révèle dans cette histoire freestyle.
LA BOÎTE À BULLES | Colocho, 224 p., 22 €.
9. Le Grizzli
Les mots de l’éditeur

Ancien boxeur, le Grizzli doit son surnom autant à sa carrure qu’à sa pilosité ! Avec ses copains Toine et Jo, c’est à la vie et à la mort, leur passé tumultueux n’y est pas pour rien. Désormais rangés, ils semblent mener leur petite vie, peinards. Alors, quand un affreux surnommé Bébert-la-Gambille, fraîchement sorti de prison, veut régler ses comptes avec Jo pour une sombre histoire d’argent, les trois amis s’entraident.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : AUDIARDIEN
Dans le Paris des sixties, trois malfrats rangés des bagnoles reprennent du service pour défendre l’un d’entre eux. Une histoire de gangsters bien vintage, avec des surnoms ridicules, des répliques “audiardiennes” et une ligne claire juste ce qu’il faut. C’est du brutal, les amis.
DARGAUD | Matz/Simon, 64 p., 16 €.
10. Cosaques (T.2)
Les mots de l’éditeur

Avec ses nouveaux compagnons Cosaques, Karlis a vaincu son passé. Il doit maintenant se rendre à la Sitch, l’assemblée des Cosaques, qui déterminera s’il peut rejoindre leurs rangs. Très vite, il va découvrir que certains d’entre eux sont hostiles à son intégration. Entre frustration, jalousie et sentiments refoulés, il ne faudra qu’un pas pour tomber dans la gueule du loup.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : MONUMENTAL
Après les champs de bataille, les élans du cœur qui, bien plus qu’une lame, peuvent faire vaciller un guerrier. La fresque monumentale perd un peu de sa substance et rejoint l’intime, laissant place à une guerre de succession aveuglée et sans merci. Le travail graphique reste impeccable.
LE LOMBARD |“Dans la gueule du loup”, Brugeas/Toulhoat/Guillo, 56p., 15,45€
11. Zoélie l’allumette
Les mots de l’éditeur

Je m’appelle Zoélie et je n’ai pas vraiment d’amis. C’est même pire : à l’école, Baptiste le méchant se moque de ma maigreur et de mes grandes oreilles. C’est mon cauchemar ! Mais tout ça va changer. Le jour où Baptiste me poursuit dans le cimetière pour m’embêter, un jeune inconnu mystérieux se porte à mon secours. Mon nouvel ami n’est pas un garçon ordinaire. Il ne se moque jamais de moi et il est très gentil. Mais il est étrange et… pourquoi vit-il dans le cimetière ? Je vais tenter de résoudre ce mystère.
Notre avis en un mot (puis quelques autres) : FOIREUX
Adaptation des romans jeunesse éponymes, ce premier album économise les présentations avec l’héroïne. On se retrouve donc perdu dans une histoire de fantôme(s) tarabiscotée et redondante avec un dessin abominable réunissant tous les clichés. C’est foireux.
KENNES | Morival/Potvin/Russo, 32 p., 12,90€