D’affectueuses retrouvailles avec Enid Blyton, l’autrice anglaise de Oui-Oui, du Club des Cinq...
Qui était l’autrice du Club de Cinq, passée de mode ? François Rivière remonte ses traces, se souvenant de la passion qui l’animait enfant.
Publié le 08-05-2023 à 06h00
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Oui-Oui, sa voiture jaune et son ami Potiron au pays des jouets ; Claude, François, Michel, Annie et le chien Dagobert unis dans le Club des Cinq ; et puis le Clan des Sept, la Famille Tant-Mieux, Jojo Lapin et tant d’autres… Ces séries d’Enid Blyton ont accompagné l’enfance de nombreux garçons et filles des années 50 aux années 70.
Avant qu’apparaisse une nouvelle littérature jeunesse, datant irrémédiablement les livres de l’autrice britannique. Mais il en fallait plus pour décourager François Rivière, auteur d’une œuvre abondante puisant dans le roman et la bande dessinée, qui a consacré plusieurs essais à ceux qui ont enchanté ses jeunes années, Hergé et Edgar Pierre Jacobs pour la BD, Agatha Christie ou Jules Verne pour le roman. Et donc Enid Blyton.
"Mon idée était moins d’écrire une biographique qu’un livre autour de sa vie et de son œuvre et de l’influence qu’elle a eu sur moi comme petit lecteur, tout en parlant de la littérature jeunesse", précise-t-il. Si ce lecteur assidu de la Comtesse de Ségur raconte son engouement pour le Club des Cinq, il suit aussi par le menu le parcours de sa créatrice. On découvre notamment que ses séries les plus connues en français ne constituent qu’une infime partie des quelque 700 livres qu’elle a écrits quasiment jusqu’à sa mort en 1968. "Elle publiait tellement qu’elle encombrait les rayons des librairies, confirme l’auteur. Une histoire du Club des Cinq, elle pouvait l’écrire en trois-quatre jours."
Née en 1897 dans un quartier résidentiel de Londres, Enid Blyton ambitionne très tôt de devenir écrivaine, publiant au début des années 20 un recueil poétique illustré. Aimant beaucoup les enfants, qui le lui rendent bien tant elle entretient avec eux un rapport complice, elle apprend le métier de préceptrice. Mais c’est dans le journalisme pour enfants qu’elle va s’illustrer, partageant avec ses jeunes lecteurs des événements de sa vie quotidienne, comme, en 1931, la naissance de sa première fille. "Sa vision du monde est celle qu’elle avait à 13 ans, bloquée par le départ de son père dont elle était follement éprise", observe François Rivière.
De son vivant, elle a été critiquée pour son manque de profondeur ou sa morale "bébête" et a même été taxée de xénophobe et raciste. "E lle recourt aux stéréotypes de son époque", admet son biographe qui déplore que, pour l’édition française, les noms des personnages aient été francisés et l’action délocalisée… en Bretagne ! Quant à l’écriture, elle est devenue "plus compliquée" dans la langue de Molière. Ce qui n’a pas empêché la "rêverie créatrice" du petit François qui, des décennies plus tard, en conserve un arrière-goût nostalgique.
François Rivière, "Souvenir d’Enid Blyton", L’herbe qui tremble, 188 p.