Huit informations étonnantes sur l’histoire de la bière
Avec le pain, la bière est la plus vieille recette de cuisine de l’humanité et aussi une affaire de femmes, nous révèle un roman graphique venu revisiter son histoire. Un ouvrage épais comme un stout, dont nous avons extrait quelques infos parfois étonnantes, commentées par son scénariste, Benoist Simmat.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AYSFUQVV7BCXXA6XX7DOU3CHZY.jpg)
Publié le 05-05-2023 à 04h00
:focal(911.5x869.5:921.5x859.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/UPHVD7QJ55F7DHWLBGTPMHDQPQ.jpg)
“L’incroyable histoire de la bière”, Simmat/Landais, 240 p., 23 €.
1. Une bière vaut bien deux tartines (ou à peu près)

”La brasserie est le plus vieux métier du monde… parce que la recette de la bière est la plus vieille du monde. Des traces archéologiques relèvent déjà un site de production, évidemment primitif, en Israël vers - 13000 A.C.. À l’époque, bien sûr, il ne s’agit pas d’une bière telle que nous la connaissons, davantage d’une soupe de céréales. Mais elle résulte de la même réaction chimique. Donc, oui, à l’époque, on pouvait dire qu’une bière égale deux tartines (il rit). D’ailleurs, c’est aussi à cette époque qu’a été inventée la recette du pain. Ce sont vraiment les deux premières recettes alimentaires de l’Histoire. C’est en cela que la bière a une place très importante dans l’histoire humaine. C’est d’ailleurs le projet du livre : redonner à la bière ses lettres de noblesse en tant que recette et aliment fondamental de notre Histoire.”
2. Ce n’est pas une boisson de barbares
”C’est une image d’Épinal qui a traversé les temps. Mais il ne faut pas oublier qu’elle a été colportée par des philosophes et des écrivains qui appartenaient eux-mêmes à une élite, laquelle privilégiait le vin. Ce n’est qu’une partie de la réalité sociale. L’autre, c’est que la paysannerie grecque se délectait sans doute davantage de bière que de vin. Mais ça a été occulté par les versions officielles.”
3. C’est aussi (et d’abord) une affaire de femmes
”Pendant une grande partie de l’histoire de la bière, la femme joue un rôle de premier plan. Mais ça s’explique par le fait que, rappelez-vous, elle était d’abord considérée comme un aliment. Et qui domine la sphère domestique dès le départ ? La femme, bien sûr. Donc, la fabrication de la bière, comme du pain, relève forcément de sa compétence. Ce rôle a ensuite été occulté par la mainmise des ordres monastiques de l’Europe carolingienne sur la fabrication de la bière : quand on commence à fabriquer de la bière dans les monastères, c’en est fini du rôle de la femme. Mais jusqu’au VIIIe siècle, la bière est vraiment une affaire de femmes !”

4. Qui dit bière ne dit pas forcément houblon
”C’est vrai : il n’apparaît, dans la production de la bière, qu’au XIIIe ou XIVe siècle. Et c’est à partir du moment où l’on houblonne la bière qu’on en fait un produit qui va se conserver longtemps, puis partir à la conquête du monde. Et cette conquête va durer quelques siècles : on en connaît encore les effets aujourd’hui puisque les plus grandes marques mondiales de bière sont les lointaines descendantes de cette invention – germanique – du XIIIe siècle.”
5. C’est un truc de Belges… et d’Américains
”Les Américains sont à la base de l‘industrialisation de la bière, qui a voulu imposer un goût unique partout sur la planète… et de la contre-révolution qui a conduit à l’avènement, ces dernières décennies, des “craft beers”. La Belgique a alors servi d’inspiration aux États-Unis, qui ont pris pour modèle la grande diversité de son marché. Une diversité qui a su résister à cette révolution industrielle… tout simplement parce qu’elle était trop implantée pour être entièrement balayée, comme en France ou en Angleterre.”

6. Les Français consommeront bientôt davantage de bière que de vin
”Oui, et un vrai traumatisme est annoncé puisqu’on sait déjà qu’en 2023, les ventes de bière en grandes surfaces françaises vont dépasser les ventes de vin. Et ça, c’est une vraie révolution culturelle aussi…”
7. La pils vient de… Tchéquie
”Pilzen, en Tchéquie, est en effet la capitale méconnue de la pils. Des habitants de cette petite ville brassicole se sont en effet révoltés contre la mauvaise qualité de leur propre bière. Et les bourgeois de la ville ont pris cette décision étonnante de faire venir un spécialiste de Bavière pour créer cette recette très qualitative encore à la base de la plupart des pils produites aujourd’hui. C’est une histoire qu’on a oubliée car elle est devenue un produit mondial, la bière blonde universelle.”
8. L’étoile de David est d’abord un symbole… brassicole
”J’ai découvert cette anecdote en discutant avec quelqu’un du Musée Juif de Bruxelles. L’étoile de David est, bien sûr, un symbole très fort de la communauté juive, mais il est apparu très tardivement, et n’a été accaparé par celle-ci qu’à la fin du XIXe siècle. Auparavant, ce symbole avait été utulisé par d’autres communautés, notamment les brasseurs. Ça a longtemps été un symbole important du brassage monastique et privé allemand, disons entre le XIIIème et le XVIIe siècle. Après, ça a disparu, mais pendant un long moment, en effet, ce fut un signe de reconnaissance du métier de brasseur…”
